Accueil Blog Page 42

J’ai nagé avec les lions de mer !

5
sea lion

Le lion de mer m’approche, l’air curieux. Il colle son museau moustachu tout contre mon masque et dans l’apesanteur aquatique de l’océan, on se tient un instant ainsi, nez à nez, yeux dans les yeux. Je tends la main, lui flatte délicatement le menton. Sa fourrure est douce. Au-dessus de nous, la surface de l’eau est moirée d’argent. Un instant de plus et on se sépare, pour revenir à l’air libre, remplir nos poumons.

sea lion

L’aventure a commencé en début de matinée : il n’est pas tout à fait 9 heures quand je débarque à Baird Bay, hameau endormi situé sur les rives de la baie du même nom. La route en terre qui mène jusqu’ici se prolonge en la seule rue du village, qui n’est rien de plus qu’un minuscule rassemblement de maisons. Ici, il n’y a rien, pas même un magasin. Les infrastructures se limitent à un site de camping et un téléphone public – bien obligé puisque les portables sont hors couverture réseau. Pourtant, une mince congrégation de nationalités converge vers la plage : belges, allemands, australiens, française. Nous sommes tous venus jusqu’ici pour une même raison : à Baird Bay, nous allons nager avec les lions de mer, libres et sauvages dans leur milieu naturel.

sealion02

Baird Bay Ocean Eco Experience a son centre sur le rivage, par-delà la fin de la route. La petite entreprise est familiale, l’ambiance calme et amicale : opérateurs et clients discutent, plaisantent, échangent quelques sourires détendus. Cela fait plus de 18 ans qu’Alan et Patricia Payne proposent des tours organisés à petite échelle de la colonie de lions de mer qui habite un recoin reculé de la baie. Le principe est simple : Alan et son skipper pilotent un petit bateau à moteur, fournissent combinaisons, masques et tubas, puis emmènent leurs clients jusqu’à la colonie de lions de mer. Pour le reste, c’est à nous, et à vous, de jouer !

La modeste capacité du bateau, qui ne peut accueillir qu’une quinzaine de personnes au plus, assure un tour relax et personnel, une atmosphère bon enfant. À bord, deux jeunes parents ont emmené leur fils de 2 ans et l’on s’amuse tous de ses drôles de mimiques. À peine 5-10 minutes après avoir levé l’ancre, les premiers dauphins sont repérés : des ailerons arrondis qui percent en rythme la surface des vagues. « Qui veut nager avec les dauphins ? » Mais tout le monde, mon capitaine ! Masque au visage, tuba en bouche, on se laisse glisser dans l’eau fraîche de la baie : aujourd’hui, la température de l’eau est aux alentours de 17°. Même en plein cœur de l’été, elle ne s’élève jamais au-delà de 19° à 20°. Nous sommes dans le Southern Ocean et rien ne nous sépare de l’Antarctique.

Ces considérations, pourtant, personne n’en a cure : au fond de l’eau, un tapis d’algues qui ondoie dans le courant. Un dauphin se matérialise, s’approche, se glisse juste en dessous de moi, me dépasse, regarde en arrière avec curiosité. Quatre ou cinq de ces adorables cétacés nagent autour de nous, viennent nous observer, s’éloignent puis retournent nous voir avant de finalement reprendre pour de bon leur route, laissant les humains remonter à bord du bateau après ce premier goût d’aventure animalière. La matinée ne fait que commencer : le cap est maintenant mis sur la colonie de lions de mer.

Dauphins

Le bateau à fond plat passe en douceur les récifs qui effleurent la surface et s’amarre au cœur d’une piscine naturelle au fond recouvert de sable. Dans l’eau et sur la rive, des lions de mer font quelques brasses ou se la coulent douce sous le soleil. Des oiseaux marins complètent le tableau – sternes, cormorans, huîtriers, nichant en nombre sur les récifs et les rocs de la côte. Une fois de plus, on se glisse à l’eau, en douceur. Peu à peu, des lions de mer apparaissent. Ils sont sauvages : ni dressés, ni domestiqués, ni même nourris. Ils sont simplement libres. De leur propre volonté, ils s’approchent.

sea lion

Un adulte se glisse jusqu’à moi, se propulse d’un coup de nageoire et se tourne sur le côté pour mieux me regarder de ses grands yeux ronds tandis qu’il me dépasse sans peine. Un lion de mer deux fois plus petit que les autres, tout jeune, fonce à droite à gauche dans un nuage de bulles d’air, plein de fougue et de malice, avec toute la vitesse d’une torpille. Un mâle énorme, une masse de plus de 250 kilos, se laisse aller placidement au fond de l’eau. Jeu de contrastes. Au fil de la rencontre, nous sommes plusieurs à connaître le doux privilège de ce bisou d’esquimau, ce salut nez à nez offert en toute innocence par nos amis les lions de mer.

sea lion

Amitié. Est-elle possible entre nos deux races, si différentes ? Oui, c’est l’impression que laisse notre rencontre, qui s’étire jusqu’à ce que nous soyons tous « forcés » de nous résoudre à quitter l’océan, dont le froid nous gagne peu à peu, nous ayant à l’usure. Le skipper passe à la ronde des tasses de chocolat chaud et quelques biscuits. Alan, main à la barre, répond aux questions de chacun, explique la différence entre lion de mer et phoque : le lion de mer est un proche cousin des otaries. Comme elles, et contrairement aux phoques, il dispose d’oreilles et peut se redresser sur ses nageoires pour « marcher ». On ne dénombre que 12.000 des lions de mer australiens avec lesquels nous avons eu le plaisir de nager et ils sont bien heureusement protégés. Alan est l’un de ceux qui se battent pour faire de Baird Bay un parc marin, l’équivalent aquatique des parcs nationaux terrestres, afin d’assurer l’avenir de cet environnement et de la faune qui l’habite. Une cause à laquelle, il le sait bien, chaque personne qui vient nager ici se joindra de tout cœur.

sea lion

Le bateau remet le cap vers le centre. Les silhouettes joueuses des lions de mer s’éloignent, l’eau défile. À Baird Bay, j’ai l’impression d’avoir trouvé une sensation rare, celle d’un équilibre préservé où les animaux sauvages ne souffrent ni d’exploitation ni de ségrégation. Ici, l’interaction entre eux et nous est rendue possible, tout naturellement : dans un calme émerveillant, une curiosité innocente et réciproque, un sentiment d’appréciation et de respect ressentis comme mutuels. Dans ces eaux limpides, l’espace d’un instant, se dessine la vision d’une idylle ordinairement insaisissable.
Et toi, quand viendras-tu nager avec les lions de mer ?

Nager avec les lions de mer : Pratique Corner

Baird Bay se trouve à 700 km à l’ouest d’Adelaide. Suivez la A1 à travers Port Wakefield et Port Augusta, continuez le long de la Eyre Highway jusqu’à Minnipa, où vous devrez bifurquer vers Streaky Bay. Une fois rendu à Streaky Bay, suivez la Flinders Highway vers le sud, puis à droite sur Calca Road et à gauche sur Baird Bay Road.
Streaky Bay est la ville la plus proche, située à environ 60 km au nord de Baird Bay. Rappelez-vous : il n’y a aucun magasin à Baird Bay ! Pensez donc à faire vos courses et votre plein à Streaky Bay, qui dispose de supérettes, station essence et autres boutiques diverses et variées.

Baird Bay Ocean Eco Experience vous emmènera nager avec les lions de mer (ainsi qu’avec les dauphins au passage si vous avez la chance de les croiser) pour $150/personne. Le tour dure 3 à 4 heures et a lieu quotidiennement de septembre à mai. Le bateau part à 9h30, mais on vous demandera d’arriver une demi-heure à l’avance afin d’organiser le paiement (par cash ou carte bancaire) et les combinaisons de plongée pour tout le monde. Réservez à l’avance, ou vous n’aurez peut-être pas de place !

Vous pouvez passer la nuit sur le site de « bush camping » à l’entrée de Baird Bay.
Alternativement, si vous vous sentez d’humeur à faire des folies, les opérateurs du tour proposent également l’hébergement dans une maison avec cuisine, 3 chambres et salle de bain pour $70/personne. L’hébergement accueille un minimum de 2 personnes, et un maximum de 15.

Cameron Corner : Un pub et trois états.

0
Cameron corner

La semaine dernière, je vous ai emmené à la découverte du Sturt National Park, dans les profondeurs de l’outback du New South Wales. Mais ce que je ne vous ai pas dit, c’est que ce parc est délimité par des frontières : au nord s’étend le Queensland, à l’ouest le South Australia. Le point où les lignes imaginaires qui séparent ces trois états se rejoignent porte le nom de Cameron Corner. Et à Cameron Corner, il y a un pub.

Dingo fence, une des plus longues barrières du monde

Une haute clôture de grillage et de fil barbelé me barre la route. Je me gare dans le New South Wales, j’ouvre le portail et, par la magie des frontières, je pose instantanément le pied dans le South Australia. Le portail, lui, se doit d’être soigneusement refermé, car cette clôture aux airs anodins est en réalité un garde-fou d’importance : ce n’est pas une futile frontière que cette barrière protège, mais plutôt le bétail des fermiers.

Elle porte le nom de dingo fence (ou dog fence), d’après son objectif : empêcher les dingos de migrer en masse vers le sud, où les éleveurs n’ont guère envie de perdre des agneaux à leurs crocs. À 5000 km de long (et jusqu’à 8000 km par le passé), c’est une des plus longues barrières du monde, mais ce n’est pas la seule prétendante au titre en ces terres : dans le Western Australia, on trouve aussi la rabbitproof fence, cette fois conçue pour empêcher les lapins de passer.

Trois états en 10 minutes

Les oiseaux, eux, n’ont que faire des folies humaines et des contraintes des créatures terrestres : galahs, corbeaux et milans noirs décorent panneaux, poteaux et fils de fer de la clôture. Je passe une grid, et me voici dans le Queensland : trois états en 10 minutes, tel est l’impressionnant bilan de ma promenade du jour. C’est bien dans le Queensland que se trouve la destination de cette aventureuse randonnée. Car je vous l’ai déjà dit : à Cameron Corner, il y a un pub.

Cameron corner

Le pub rural, c’est une véritable institution australienne, c’est ce bar du coin où se retrouvent les habitués comme les gens de passage, le temps d’une bière, d’un café, d’un sandwich ou d’une meat pie. Le pub, c’est un pilier de la vie sociale dans le bush et à la campagne, et c’est bien sûr l’occasion de faire des rencontres et échanger des histoires et des nouvelles tout en se désaltérant le gosier et se remplissant l’estomac. Et plus le coin est paumé, mieux c’est.

L’intérieur du pub affiche directement la couleur, proclame fièrement son ambiance : des dizaines de casquettes sont accrochées au mur, des dollars sont placardés au plafond, un autocollant sur le tiroir caisse s’exclame « drink more booze, you bastards ! » (« buvez davantage d’alcool, bande d’enfoirés ! »), et le propriétaire se prépare flegmatiquement une tasse de thé. Et puis, bien sûr, il y a la touche spéciale Cameron Corner : trois horloges au mur donnent l’heure des trois états. Et si le pub se situe bel et bien dans le Queensland, il ne dispose pas moins d’une adresse du New South Wales et d’un numéro de téléphone du South Australia !

Cameron corner

Je me pose sur un tabouret au comptoir en fin de matinée, sans réaliser que je ne vais pas décoller avant le milieu de l’après-midi : tel est le pouvoir du pub et des yarns, les histoires qu’on se raconte. J’engage la conversation avec Fenn Miller, le propriétaire. La situation géographique de son bar est peut-être confuse, mais lui, il est clair et net : Queenslander des pieds à la tête ! Originaire de Port Douglas, bien loin au nord d’ici, il se plaint du froid hivernal et se languit du retour de l’été.

La chaleur n’est-elle pourtant pas trop difficile à supporter, considérant que le thermostat explose allègrement les 40° et tutoie les 50° ? Ma question est naïve : la chaleur de l’outback est sèche, me répond-il. Comparé à la chaleur humide des tropiques, c’est de la rigolade.

C’est à ce moment de la conversation qu’il est utile de préciser que les Queenslanders, ou banana benders (« plieurs de bananes »), ont la réputation d’être un peu timbrés.

Cameron corner

Au fil de ma demi-journée au bar, je tchatche avec tous les employés et visiteurs. Cheryl, la femme de Fenn, a les yeux qui brillent quand elle me parle de l’outback du Queensland et me donne quelques conseils sur les endroits à voir et sur les coins où camper. Sa cousine, venue prêter main forte, se targue d’une réplique d’ouverture imbattable : « ça fait 3 mois que je suis arrivée, et je ne suis pas encore sortie du pub ! ». Mais avant cela, elle a consacré beaucoup d’années de sa vie à découvrir l’Europe, l’Inde et l’Asie du Sud-Est.

Approvisionner le pub pour continuer à fournir des repas aux voyageurs, ce n’est pas simple ici : faire les courses, cela implique un aller-retour de 900 km jusqu’à Broken Hill. Ou, au mieux, de faire livrer des provisions par le camion postal à Tibooburra, un aller-retour de « seulement » 300 km. En plus de fournir nourriture et logement, les propriétaires du pub de Cameron Corner portent de nombreuses autres casquettes : ils sortent les voyageurs malchanceux de bourbiers, relèvent les statistiques de la pluie pour le bureau de météorologie, sont en liaison avec le département des transports pour communiquer l’état des routes, et ont même un uniforme de police en réserve pour rétablir l’ordre si une situation dérape hors de contrôle.

Cameron corner

Et tous ces dollars au plafond ? C’est leur façon de lever des fonds pour le Royal Flying Doctor Service, les médecins de l’air qui utilisent de petits avions pour intervenir dans les recoins les plus isolés d’Australie.

C’est une bonne cause, alors soyez sympas, faites un don… Ne serait-ce que pour découvrir comment accrocher votre billet au plafond, sans avoir le droit d’utiliser d’escabeau !


PRATIQUE CORNER

  • Cameron Corner se trouve à 450 km au nord de Broken Hill, ou 140 km à l’ouest de Tibooburra. Suivez la Silver City Highway (SH22) depuis Broken Hill, et bifurquez à gauche sur Cameron Corner Road peu avant l’entrée de Tibooburra.
  • Il est possible de camper sur le terrain du pub – on vous demandera simplement de faire un don de $5 aux Flying Doctors en échange. Comme le pub est en dehors du parc national, il est possible d’y ramasser du bois et de faire un feu de camp. Des douches chaudes sont également disponibles, facturées $3.
  • Alternativement, vous pouvez demander une chambre pour simple ou double pour environ 40 à 60$.
  • Vous pouvez aussi faire le plein de carburant, mais attention : ici l’essence est chère, très chère !

Un séjour dans une ferme de l’Outback : L’autre Australie

1
ferme en australie

Pour un dépaysement total en plein bush, le séjour à la ferme vous laissera un souvenir inoubliable. Vos hôtes vous accueilleront chez eux et vous feront découvrir la vie dans l’Australie sauvage, comme au temps des pionniers. Vous assisterez peut-être à la tonte des moutons, ferez sans doute des ballades à cheval et observez la faune typique de ces contrées lointaines, vivrez de somptueux couchers de soleil…

Trois options vous sont proposées :

Un hébergement en chambre d’hôtes, cottage ou B&B pour un prix modique incluant pour la plupart un dîner. Regardez notamment sur le site Australian Bed&Breakfast.
Si vous voyagez en camping car, vous trouverez un emplacement et toutes les commodités nécessaires.

Vous pourrez aussi être nourris et logés gratuitement en échange de quelques heures de travail par jour. Le réseau WWOOF (Willing Workers On Organic Farms) vous permettra de trouver toutes les fermes qui proposent ce système d’échange. Pour devenir membre, vous pouvez télécharger l’application ou opter pour le livre papier.
Quelque soit le format choisi, il vous en coûtera 70$ pour 12 mois.

Mon séjour dans une ferme à Mildura…

Un voyage en Australie ne se conçoit pas sans un séjour dans le bush. Le bush c’est l’Australie intérieure, qui commence dès que l’on quitte les villes. Pays immense, désertique, terre des pionniers et des aborigènes, si aride qu’elle prend son nom des buissons desséchés qui en font souvent l’unique végétation.

ferme outback - australie
La ferme au milieu de l’immensité rouge de l’Outback

L’autre nom de cette terre c’est l’outback, mot difficilement traduisible, qui signifie terre intérieure, loin de tout, isolée…

La ferme dans laquelle j’ai passé 2 semaines se situe dans l’état du New south Wales, près de la ville de Mildura. Une exploitation perdue dans l’immensité du Bush, où le plus proche voisin se trouve à 70 km de piste ! Les paysages ci-dessus ont été pris autour de la ferme. La famille qui m’a accueilli possède des milliers de têtes de moutons, leur laine est une des richesses de l’Australie depuis le temps des colons. En Australie, ce type de ferme s’appelle une Sheep-station.

ferme outback - australie
La station de filtrage – pas d’eau courante à la ferme

Vivre dans une sheep station, c’est vivre dans une famille du Bush, participer aux travaux de la ferme, rassembler le bétail en moto, parfois même en avion dans certaines fermes ! C’est être intégré à la vie familiale, ce qui en fait une expérience unique et humainement très enrichissante.

ferme outback - australie
Meredith qui tente de garder vert ce coin d’Outback

Ilot de verdure chèrement gagné sur l’étendue de terre rouge, l’endroit de mon séjour est situé sur les rives de la Murray river, un point d’eau indispensable pour une ferme sans eau courante, ayant un groupe électrogène pour toute électricité.

Très souvent au hasard des trajets en 4×4, on rencontre des petits kangourous dont la mère a été heurtée par un véhicule. Amy en fait partie et a été accueillie à la ferme.

Le Blue Tongue Lizard est un autre habitant des lieux.
Le Blue Tongue Lizard est un autre habitant des lieux.

En attendant la période de la tonte des moutons, précédée par le rassemblement des bêtes en moto, j’ai eu la chance de faire régulièrement du cheval dans le Bush. Il faut tout de même prendre garde à ne pas trop s’éloigner de la ferme, car il est facile de se perdre. Jazz, le cheval que je montais, portait bien son nom pour son caractère plutôt imprévisible.

ferme outback - australie

La période de la tonte est un moment important pour la Sheep station, après le rassemblement des milliers de moutons éparpillés dans le bush, les tondeurs, Shearers, débarquent à la ferme.

Les Shearers un peu une race d’hommes à part

En Australie, les Shearers sont une race d’hommes à part, se louant de ferme en ferme, payés au nombre de moutons tondus, il représente un peu le mythe du « mate », l’amitié virile de ces hommes qui semblent libres en parcourant le pays. Ils font partie de la culture du Bush.

ferme outback - australie

Avant l’arrivée des Shearers, il faut rassembler les moutons à l’aide de chiens, de motos ou de 4×4. Dans certaines fermes grandes comme un département français, on utilise un avion pour repérer le bétail. La période de la tonte est un moment important pour la Sheep station.

Les shearers sont logés à part, dans une dépendance de la ferme. Sur une période qui peut durer une ou deux semaines en fonction des élevages, les tondeurs enchaînent les moutons avec une vitesse et une précision impressionnantes. Des concours épiques opposent les tondeurs les plus rapides !

ferme outback - australie

La tonte se pratique dans une shearing-room, sorte de grands hangars faits de tôle qui sous le soleil rendent l’atmosphère difficilement supportable et fait comprendre à quel point le métier de Shearer est pénible.

ferme Outback - australie

La tonte à la chaine…

En quelques jours les milliers de moutons seront passés entre les mains et sous le rasoir des Shearers, 3 à 4 minutes pour mettre à nu un mouton sans « presque » aucune écorchure. La période de la tonte est un moment authentique à ne pas manquer pour découvrir un aspect important de la vie d’une ferme isolée dans l’immensité du Bush Australien. Avis aux amateurs !

ferme outback - australie

Histoire de l’Australie, jeune d’un peu plus de deux siécles

1
Endeavour du Cpt James Cook Copyright anmm.gov.au

Depuis les abysses des jungles préhistoriques aux gratte-ciels de la civilisation contemporaine, en passant par le Temps du Rêve aborigène et par les conflits des Guerres Mondiales, zoom sur l’histoire mouvementée du tandem formé par une jeune nation et un vieux continent. Cap sur une petite Histoire de l’Australie.

L’Australie au temps des dinosaures

Il y a des centaines de millions d’années, les océans de notre terre n’abritaient qu’un unique super continent, Pangea. L’histoire de l’Australie commence avec la division de Pangea en deux moitiés, deux nouveaux continents : Laurasia, qui formera plus tard l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord ; et Gondwana, une vaste masse dont se détacheront l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Antarctique et… l’Australie. Ce nom, « Gondwana », se retrouve encore dans certains parcs naturels de la côte est : il décrit également les forêts, listées au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui sont les dernières survivantes d’une époque où le continent rouge était une toison verte au climat tropical et à la végétation luxuriante. Dans ce passé obscur et lointain, l’Australie était peuplée de dinosaures dont on retrouve aujourd’hui encore les os fossilisés dépassant de la terre au beau milieu des immenses propriétés poussiéreuses de l’outback.

Histoire de l’Australie : Les premiers colons, les aborigènes

À l’échelle de ces milliers de millénaires de lente évolution, l’arrivée de l’homme sur le continent australien, c’était à peine hier. Pourtant, la culture aborigène est la plus ancienne au monde : il y a entre 40.000 et 60.000 ans, les aborigènes foulaient pour la première fois le sol australien. Le mystère de leur arrivée demeure entier, et même si des théories permettent de rationaliser la venue de ces premiers colons de la race humaine, leur exploit n’en inspire pas moins le respect : à une époque préhistorique, ce sont des hommes originaires d’Asie du Sud Est qui auraient réussi le tour de force de se rendre jusqu’en Australie à bord de simples canoës.

Les aborigènes s’installent et au fil de leur existence semi-nomade se dispersent à travers le continent. Pour survivre, ils pratiquent la chasse, la pêche et la cueillette, aidés par des outils faits de bois et de pierre – certains au design unique, comme le célèbre boomerang. Mais au-delà de leur existence physique, les aborigènes se forgent également une existence spirituelle : les mythes du « Dreaming », le Temps du Rêve, donnent vie à un paysage où chaque colline, chaque fleuve, chaque repère géographique est le fruit des pérégrinations des Ancêtres. Ces esprits magiques adoptant généralement une apparence animale sont sacrés, et ce sont eux qui tiennent le rôle de créateurs du monde. En l’honneur de leurs Ancêtres et pour illustrer leur vie quotidienne, les aborigènes laissent aussi derrière eux des milliers de sites de peintures et de gravures traditionnelles dans différents styles.

Pendant des dizaines de milliers d’années, la vie continue ainsi dans le respect des Ancêtres et de la terre, et dans l’isolation absolue de l’un des derniers bouts du monde.

Le siècle des grands explorateurs et des nouveaux colons

C’est seulement au 17ème siècle que les européens entrent en jeu : en 1606, le capitaine hollandais Willem Janszoon visite la côte ouest de la péninsule du cap Yorke, dans le nord tropical du Queensland. Au fil du siècle à venir, d’autres explorateurs européens, dont le britannique William Dampier, visitent la côte de ce continent mystérieux qu’on appelle alors la Nouvelle Hollande mais personne ne tente de s’y établir. On peut faire débuter l’Histoire de l’Australie à cette époque.

Aborigénes

Il faudra attendre 1770 et la venue du célèbre capitaine James Cook, qui prend possession du continent au nom du Royaume Uni, pour que débute l’ère de la colonisation. À cette époque, on estime que le peuple aborigène compte entre 300.000 et 750.000 hommes et femmes répartis en 250 nations, parlant autant de langues. Malgré ces chiffres et en dépit des indigènes rencontrés, aux yeux des européens l’Australie est libre à prendre : ils la considèrent comme « terra nullius », une terre vide d’hommes que les nouveaux colons pourront s’approprier sans contraintes ni cas de conscience.

Histoire de l'Australie : Le grand explorateur James COOK
Le grand explorateur James COOK

De cette terre lointaine et « dépeuplée », les autorités décident de faire une colonie pénitentiaire : le 26 janvier 1788 le capitaine Arthur Phillip jette l’ancre à Port Jackson, site de la toute nouvelle colonie du New South Wales, « chef lieu » qui deviendra plus tard Sydney. Sous son commandement, 11 navires transportant provisions, outils, matériel et 1500 âmes – dont pas moins de 750 prisonniers. Cette fois, les européens sont venus pour rester et le destin du continent est scellé : le 26 janvier restera à jamais marqué dans l’histoire et devient la date de la fête nationale d’Australia Day qui commémore chaque année la création de la nouvelle nation australienne.

Une date de l’Histoire de l’Australie à double tranchant, puisque pour le peuple aborigène, elle pourrait aussi bien marquer le deuil de leurs propres nations : dépossédés de leurs terres traditionnelles, ravagés par les maladies importées par les colons et victimes de violentes altercations, les aborigènes sont rapidement poussés vers leur perte.

Pour les colons et les bagnards, les premières années sont les plus difficiles : ils doivent affronter la faim et la maladie tout en essayant de se familiariser avec un environnement bien différent de celui de leur mère patrie.

De 1788 à 1792, les prisonniers représentent la majorité de la population de la colonie – en tout, 160.000 condamnés seront envoyés en Australie entre 1788 et 1868, date d’arrêt des déportations criminelles. Mais graduellement, ce sont aussi des hommes libres qui commencent à composer la population locale : anciens condamnés ayant regagné leur liberté après avoir purgé leur peine et nouveaux colons arrivant par bateau, attirés par la promesse d’un nouveau continent où le travail ne viendrait jamais à manquer et où la terre pourrait s’acquérir pour une bouchée de pain.

Mais pour acquérir cette terre, encore faut-il savoir où chercher : le 19ème siècle sera placé sous le signe de l’exploration. Celle-ci commence par voie des eaux : en 1802, le capitaine Matthew Flinders boucle la première circumnavigation du continent.

Histoire de l'Australie : Il faut attendre 1813 avant que les européens ne parviennent à franchir le rempart des Blue Mountains
Il faut attendre 1813 avant que les européens ne parviennent à franchir le rempart des Blue Mountains

Une longue aventure qui pâlit pourtant en comparaison des difficultés rencontrées dans les terres, où il faut attendre 1813 avant que les européens ne parviennent ne serait-ce qu’à franchir le rempart des Blue Mountains, la chaîne à l’ouest de la colonie de Port Jackson. Les expéditions s’étendent alors de plus en plus loin : Hume et Hovell font un aller-retour entre les sites des futures Sydney et Melbourne, Charles Sturt arpente l’outback du New South Wales en quête d’une chimérique mer intérieure, Burke et Wills décèdent en tentant de traverser le continent, John MacDouall Stuart réalise l’exploit à leur place.

La ruée vers l’or et le décollage de  l’Australie

Au fil du temps et des explorations, de nouvelles colonies apparaissent : les britanniques s’installent sur l’île de Van Diemen’s Land (future Tasmanie) en 1803, sur les berges du fleuve Brisbane en 1824, sur les rives de la Swan River (future Perth) en 1829, à Port Phillip (future Melbourne) en 1835 et à Glenelg (future Adelaide) en 1836. Cette dernière colonie est unique en son genre : alors que toutes les provinces australiennes furent initialement des colonies pénitentiaires entièrement fondées sur le dur labeur des bagnards, le South Australia détient l’honneur d’être le seul état du pays à avoir été créé par des hommes libres aspirant à des idéaux de tolérance politique et religieuse.

Après ces débuts ardus et miséreux, l’Australie sent enfin souffler le vent de la prospérité quand, en 1851, des prospecteurs découvrent de l’or dans le New South Wales et le Victoria. Sans attendre, c’est la ruée vers l’or : séduits par la promesse d’une fortune imaginée facile, des milliers d’immigrants en provenance d’Europe, d’Amérique du Nord et de Chine convergent droit vers l’Australie pour aller tenter leur chance dans les ruisseaux.

La population gonfle : de 76.000 habitants en 1851, la colonie du Victoria passe à 530.000 habitants en 1859 ! Une vertigineuse augmentation démographique qui a tôt fait de créer des tensions : sur les concessions bondées, racisme, concurrence et mécontentement à l’encontre du gouvernement qui surtaxe et méprise les prospecteurs sont autant de facteurs qui contribuent à une explosion d’émeutes et de violence. Heureusement, les autorités réagissent et en modifiant les lois parviennent de nouveau à régulariser la situation.

L’Australie peut profiter de sa richesse nouvellement gagnée : d’autres gisements d’or sont découverts dans le Queensland et le Western Australia, l’élevage et l’agriculture prennent leur essor et l’ensemble de ces industries bénéficient du développement des transports de marchandises par train et par bateau.

L’économie est florissante et les villes s’agrandissent à toute vitesse, avides d’une urbanisation et d’une sophistication qui leur permettront de rivaliser avec Londres sans rougir. Pour autant, le côté « far west » de l’Australie n’a pas disparu : les « bushrangers » sévissent encore dans les campagnes.

Histoire de l'Australie : Armure Ned Kelly
Armure du BushrangerNed Kelly

Ces hors-la-loi vivant de vols et de larcins et échappant à la police en se réfugiant dans les profondeurs du bush étaient peut-être de simples criminels à leur époque, mais du point de vue de l’Australie moderne ils font partie intégrante du folklore d’une époque disparue. Le plus célèbre d’entre tous, Ned Kelly, avait même eu la légendaire ingéniosité de se revêtir d’une armure « fait maison » dont les plaques métalliques le protégeraient de toute blessure par balle. Rattrapé par la justice, Ned Kelly mourut pendu en 1880.

Vers l’autonomie puis l’indépendance

Durant la seconde moitié du 19ème siècle, les nouveaux australiens sont de plus en plus confrontés à la question de leur gouvernement : Londres accorde graduellement une certaine mesure d’autonomie à ses colonies australiennes. Motivés par leur souhait de démocratie, les australiens inventent de leur côté le principe du vote secret, permettant à chacun de sélectionner le candidat de son choix en privé.

Le suffrage universel est adopté dès 1855 par le South Australia et les autres colonies suivront rapidement. Bien sûr, à l’époque, universel est une notion toute relative : seuls les citoyens britanniques de sexe masculin sont autorisés à voter. Il faudra attendre 1861 pour que les femmes puissent voter aux élections locales, et 1895 pour que ce privilège s’étendent à l’élection du parlement.

Les aborigènes seront à leur tour autorisés à voter quelques années plus tard, juste à temps pour les premières élections fédérales : en 1901, les colonies jusque lors indépendantes et disparates s’unissent en une seule fédération, le Commonwealth d’Australie. Une étape essentielle et fondatrice pour la nation, malheureusement marquée par le racisme : l’une des premières politiques du parti élu au pouvoir sera celle de l’Australie blanche (« White Australia ») visant à « contrôler » les immigrants en provenance d’Asie, d’Inde, du Pacifique et à préserver les origines ainsi que les valeurs européennes/britanniques des nouveaux australiens. Il faudra attendre 1970 pour que cette politique soit peu à peu abandonnée.

L’Australie au cœur des conflits mondiaux

Si jusque lors l’Australie pouvait sembler être laissée plus ou moins à son sort, son relatif isolement se termine à l’aube du 20ème siècle quand éclate la Première Guerre Mondiale. Entre 1914 et 1918, plus de 400.000 australiens – soit entre 30% et 50% de la population masculine éligible du pays à cette époque – se portent volontaires pour aller combattre aux côtés du Royaume Uni.

Histoire de l'Australie : bataille Amiens
46 000 Australiens sont morts en combattant en France – Copyright Wikipedia

Le traumatisme de cette première guerre d’importance est grand, les pertes lourdes : 60.000 morts et 160.000 blessés. Pour commémorer ce drame militaire, une date a été choisie : le 25 avril, ANZAC Day (« Australian and New Zealand Army Corps ») est jour de fête nationale en Australie. Il s’agit là de la date anniversaire de l’arrivée des troupes australiennes à Gallipoli, en Turquie, où en l’espace de 8 mois de combat plus de 8000 soldats australiens trouvent la mort.

l’Histoire de l’Australie sur la première moitié du 20ème siècle continue sur la mauvaise pente : dans les années 1930, l’Australie est victime de la Grande Dépression. Grande exportatrice de laine et de blé, elle voit les prix des marchandises s’effondrer et les bénéfices réduis à néant. L’économie s’enlise, le taux de chômage s’envole, l’endettement s’accroit et les gens mécontent manifestent dans les rues. En 1939, le pays se relève à peine de la crise lorsqu’éclate la Seconde Guerre Mondiale. Les australiens apportent de nouveau leur soutien aux forces Alliées, mais cette fois ils ne combattront pas seulement en Europe : la menace japonaise est à leurs portes.

Pour la première fois, l’Australie est victime d’attaques adverses sur son propre sol : le 19 février 1942, les japonais bombardent Darwin, détruisant une bonne partie de la ville. Des dizaines d’autres raids aériens auront lieu jusqu’à la fin de la guerre. Pour tenter de stopper l’invasion japonaise qui s’annonce, les australiens se battent aussi chez leurs voisins : à Singapour, ils sont contraints de se rendre et 15.000 sont faits prisonniers. En Nouvelle Guinée, dans les terribles conditions de la jungle équatoriale, les soldats australiens tiennent bon pour protéger leur patrie. Cet événement, lui aussi, est marqué au fer rouge dans la conscience historique collective de la nation, et aujourd’hui encore les descendants de ces soldats se rendent jusqu’en Nouvelle Guinée pour marcher la Kokoda Track, un véritable pèlerinage dans les traces de leurs ancêtres.

L’Australie multi-ethnique et multiculturelle

Après la guerre, l’Australie peut enfin repartir du bon pied. La paix est revenue, la santé économique aussi : il n’est plus question de dépression mais de boom. L’industrie secondaire se développe à pas de géant et le continent ouvre grand les portes à l’immigration. Bien que la plupart des immigrants soient toujours d’origine britannique ou irlandaise, c’est le début de l’Australie grecs, italiens, turcs et libanais sont parmi les dizaines de nationalités à venir s’établir à l’autre bout du monde.

Histoire de l'Australie : l'Australie est multiethnique et multiculturelle
l’Australie est multiethnique et multiculturelle

Tous trouvent rapidement du travail dans les usines ou grâce aux projets de grande envergure lancés par le gouvernement, tels que l’ambitieux projet hydroélectrique des Snowy Mountains, exigeant la construction d’une quinzaine de barrages et de 7 stations électriques.

En 1959, la population australienne franchit la barre des 10 millions. L’industrie primaire, elle aussi, se porte bien : les prix de la laine et du blé sont remontés et l’Australie exporte ses denrées en masse. Dans les années 60-70, le pays prend de plus en plus d’assurance et développe son identité nationale, culturelle et artistique : Sydney fête l’ouverture de son iconique opéra, le cinéma australien se développe, et un auteur australien remporte le Prix Nobel de littérature.

Les droits sociaux des aborigènes deviennent de plus en plus reconnus, ils obtiennent pensions, allocations, extension de leurs droits de vote et reconnaissance de leurs droits sur leurs terres ancestrales. Malgré tout, il faudra attendre l’élection de Kevin Rudd en 2007 pour que le gouvernement australien présente enfin des excuses officielles au peuple aborigène pour leur mauvais traitement lors de la colonisation.

L’Australie et les défis du 21éme siècle

En 2011, l’Australie s’est établie comme une nation riche, jeune et forte. À sa tête, une femme : Julia Gillard, qui a succédé à Kevin Rudd de façon mouvementée. Et si la bonne santé du pays suggère un avenir radieux, il reste encore de nombreux dossiers épineux sur le bureau du gouvernement : mauvaise intégration du peuple aborigène qui souffre du chômage, de violence, de drogue et d’alcoolisme, immigration illégale difficile à contrôler des « boat people », inquiétudes environnementales et question ouverte de la viabilité d’une population en constante augmentation sur le continent le plus aride au monde… Autant de défis que l’Australie se prépare à affronter au 21ème siècle.

Ciel ! voici les Royal Flying Doctors : Les médecins volants du Bush

0
Royal Flying Doctors
Equipement intérieur d'un avion des Royal Flying Doctors

Des super-héros qui volent littéralement à votre secours pour vous sauver la vie ? Oui ça existe ! Et je ne parle pas de personnages en collants colorés ni aux pouvoirs extraordinaires, mais plutôt d’hommes et de femmes au grand cœur, venant en aide aux malades, aux blessés et aux isolés en plein bush australien. Superman peut se rhabiller, place aux Royal Flying Doctors !

Qu’est-ce que le Royal Flying Doctor Service ?

Le Royal Flying Doctor Service of Australia est une organisation de secours dont le but est d’apporter une aide médicale aux populations isolées sur le territoire. Ils opèrent gratuitement, 24 h sur 24 et 7 jours sur 7.

Les « médecins volants », composés de docteurs et d’infirmières, assurent en avion les visites médicales, soins de base, sauvetages et évacuations d’urgence dans les ranchs et les communautés éloignées sur une zone couvrant près de 2,3 millions de km2.

Site des Royal Flying Doctors
Site des Royal Flying Doctors

Le Royal Flying Doctor Service est divisé en 7 entités indépendantes ayant chacune leur propre Conseil et leur direction : Central Operations, Queensland Sections, South Eastern Section, Tasmanian Section, Victoria Section, Western Operations et Frontier Services.

Cette institution est financée par le Gouvernement fédéral et par les nombreux dons des particuliers.

De 1928 à aujourd’hui : l’histoire des Royal Flying Doctors

Naissance d’un projet fou :Le Royal Flying Doctor Service est parti d’un rêve : celui du Révérend John Flynn.

Au début du 20ème siècle, ce pasteur et aviateur australien réalise à quel point il est difficile pour les pionniers et leurs familles de vivre dans les régions isolées de l’Outback. Il est extrêmement dur de leur venir en aide en cas de maladie ou d’accident, plutôt courants dans cet environnement hostile auquel ils ne sont pas habitués. À l’époque, il n’y a que deux docteurs pour soigner ces 2 millions de colons isolés.

Patient pris en charge à bord d'un avion du Royal Flying Doctor Service
Patient pris en charge à bord d’un avion du Royal Flying Doctor Service – Copyright photo : Royal Flying Doctors

Le Révérend Flynn imagine alors la création d’un service médical volant alliant les nouvelles technologies de l’époque : l’aviation et la radio. Il commence donc à collecter des fonds pour pouvoir mener à bien ce projet et rencontre Hudson Fysh, un pilote de la Première Guerre Mondiale (fondateur de la compagnie Qantas) avec lequel il développera l’idée pour enfin la concrétiser.

L’Australian Inland Mission Aerial Medical voit le jour en 1928 : premier vol au départ de Cloncurry (Queensland) avec le Docteur Kenyon St. Vincent Welch. Le réseau s’étend peu à peu au niveau national et l’organisation change de nom pour s’appeler le Royal Flying Doctor Service (effectivement plus facile à retenir !).

Développement d’un projet extraordinaire

Au début, l’organisation ne possède pas de flotte aérienne et doit faire appel à des sociétés annexes pour le matériel et le personnel. Ce n’est qu’à partir de 1960 qu’ils commencent à acheter leurs propres avions et à employer leurs pilotes et ingénieurs.

Aujourd’hui, le Royal Flying Doctor Service possède une flotte de près de 53 avions entièrement équipés des dernières technologies de navigation. Ils opèrent dans toute l’Australie, à partir de 21 bases. Une belle progression depuis 1928 !

Carte zones d'intervention en fonction de la base des Royal Flying Doctors
Carte zones d’intervention en fonction de la base des Royal Flying Doctors – Copyright carte : Royal Flying Doctors

Pour ceux qui sont en plein road trip et qui souhaiteraient visiter une des bases du Royal Flying Doctor Service, voici les villes où elles se trouvent. Renseignez-vous avant afin de savoir s’il est possible de visiter car elles ne le font pas toutes !

  • Bases dans le WA : Port Hedland, Derby, Meekatharra, Kalgoorlie et Jandakot.
  • Bases NT et SA : Adélaïde, Port Augusta, Alice Springs (possibilité de visites guidées), installations médicales à Marree.
  • Bases QLD : Brisbane, Bundaberg, Cairns, Charleville, Longreach, Mount Isa, Roma, Rockhampton et Townsville.
  • Bases NSW et ACT : Broken Hill, Bankstown, Dubbo, Mascot et Essendon
  • Bases VIC : Horsham, Ballarat, Seymour, Melbourne, Mildura, Shepparton, Traralgon, Wangaratta et Wodonga.
  • Bases TAS : Launceston.

Royal Flying Doctor Service : aviation et soins médicaux

Des avions de compétition ! Pour les mordus d’aviation, sachez que plusieurs modèles sont utilisés en fonction des différentes missions :

  • le Hawker 800XP (utilisé dans le WA et le NT)
  • le Pilatus PC-12 (utilisé dans le SA, le NT et le WA)
  • le King Air B350 C et le B200 C (utilisés dans le QLD, le NSW, le Victoria et en Tasmania)
  • le Cessna C208 (utilisé dans le QLD)
Royal Flying Doctors
Copyright photo : Royal Flying Doctors

Ils sont tous pressurisés et « modifiés » pour s’adapter au travail de cette organisation. Concernant l’extérieur de l’avion, les trains d’atterrissage doivent être capables de fonctionner sur des terrains particulièrement délicats. Les portes de l’appareil doivent permettre de faire entrer et sortir aisément les blessés sur civière. Un système d’élévation a aussi été mis en place pour descendre et monter les patients.

L’intérieur de l’appareil (en dehors de la cabine du pilote) est entièrement modifié et transformé en une véritable unité de soins intensifs avec tous les équipements nécessaires : défibrillateur, masques à oxygène, moniteurs, cabinet médical, etc.
Il doit aussi répondre à des normes d’hygiène très strictes. Pour chaque vol, l’avion comprend en général un pilote, une infirmière et un docteur.

Un job de super-héros !

La mission principale des Royal Flying Doctors est le sauvetage médical d’urgence (accidents de la route, morsures de serpents, grossesse, etc), mais ils ont aussi d’autres rôles.

Matériel d'urgence trousse de secours

Véritables médecins de famille, ils s’occupent des visites régulières, des traitements et du suivi médical des familles isolées. Ils ont aussi un rôle de consultation et de soins à distance (par téléphone ou radio). Ils doivent procurer à tous ces patients éloignés une trousse médicale complète avec tout le matériel et les médicaments nécessaires.

Trousse médicale d'urgence
Trousse médicale d’urgence que chaque famille doit posséder pour les premiers secours

Ainsi, quand un problème mineur survient, le médecin peut dicter à distance la marche à suivre, les produits à utiliser en fonction du diagnostique et la façon de les administrer.

Chaque année, les pilotes font l’équivalent de 25 voyages autour de la lune et les « médecins volants » soignent environ 270000 patients.

Comment les contacter ?

Si vous voyagez dans endroits très reculés et déserts, il est recommandé de noter les numéros de téléphone à appeler ou de connaître les fréquences radios des Royal Flying Doctors. Vous pourrez les trouver sur leur site internet.

N’hésitez pas à vous renseigner avant de partir afin d’être parfaitement opérationnel. Cela peut paraître « too much », mais connaître ces numéros ou fréquences peut vous sauver la vie s’il arrive quelque chose et que vous êtes perdu en plein désert.
Bon nombre des interventions d’urgence effectuées sont le résultat de voyageurs imprudents se retrouvant en mauvaise situation dans l’outback australien. Il est donc impératif de faire attention et surtout d’être préparé !

Royal Flying Doctors
Copyright photo : Royal Flying Doctors

Même si vous avez suivi toutes les émissions de « Man vs Wild » ou de « Bush Tucker Man », évitez de vous prendre pour l’un d’eux. Les chances de survie dans le bush pour nous, petits citadins, sont très minces, voir nulles !

Aider le Royal Flying Doctor Service

Le Royal Flying Doctor Service est une organisation qui a besoin d’aide à tous les niveaux. Si vous êtes intéressé, vous avez la possibilité de faire une donation sur leur site internet.
Il arrive souvent que les banques, les points d’information, les restaurants, etc., organisent des collectes avec tirelires de don.

Vous pouvez aussi vous engager dans l’aventure des Royal Flying Doctors en effectuant une mission de volontariat. Une expérience humaine intéressante et unique !


Interview d’un Royal Flying Doctor : le docteur Ballard

Quel est votre formation et comment avez-vous décidé de devenir un Royal Flying Doctor ?

J’ai d’abord travaillé 5 ans dans un hôpital public en soins intensifs, en pédiatrie, en obstétrie et au service des urgences, avant de me mettre à exercer en privé dans une ville de 12000 habitants. Après environ 13 ans de ce travail laborieux, il était temps pour moi d’opérer un changement dans ma vie professionnelle. La perspective de pouvoir participer à l’amélioration de la santé des aborigènes, des personnes isolées et de pratiquer la médecine d’urgence dans un environnement stimulant était très attractive. Quelques vols de secours à partir de la ville où je travaillais m’ont permis d’ouvrir les yeux sur un travail que je n’avais encore jamais considéré. Je suis tombé sur une annonce proposant un poste comme Royal Flying Doctor à Port Augusta et j’ai foncé sur l’opportunité !

Quelles sont les compétences professionnelles requises pour être un Royal Flying Doctor ?

Pour être retenu pour un poste de Royal Flying Doctor, il faut être membre ou travailler pour l’association du Collège Royal Australien de Médecine Générale (dans la branche rurale) ou du Collège Australien de Médecine dans les zones rurales et isolées.
Le docteur en question doit avoir des connaissance en médecine d’urgence, en médecine générale, de bonnes compétences en réanimation et idéalement (mais pas obligatoirement) en obstétrique.
Les compétences en anesthésie sont très demandées et appréciées dans les régions où les Royal Flying Doctors opèrent.

À votre avis, quelles sont les qualités personnelles requises pour être un Royal Flying Doctor ?

Les qualités nécessaires pour être un bon Royal Flying Doctor sont l’esprit d’équipe, une pratique de l’anglais courant, le sens de l’humour et la capacité de se débrouiller avec peu en travaillant loin de la sécurité des grandes infrastructures médicales.
Le personnel du Royal Flying Doctor Service est composé de gens ordinaires qui font des choses ordinaires dans des endroits peu communs. Il n’y a pas de place pour les « supermans » ou les narcissiques. Ce n’est pas non plus pour les gens rigides à l’esprit fermé. Trouver des solutions dans les pires situations fait partie intégrante de ce travail.

Pouvez-vous nous décrire une journée typique ?

Il n’y a pas vraiment de journée type. Une journée dite « de routine » peut rapidement tourner à la surprise la plus totale. Nous pouvons parfois survoler des centaines de kilomètres pour une simple consultation dans une famille et recevoir soudain un appel pour répondre à une situation d’urgence dans les environs.
Typiquement ces consultations sont faites dans les lieux reculés, dans les communautés aborigènes et dans les ranchs isolés où vivent seulement une ou deux familles. Maintenant nous fournissons également ces services sur les sites miniers.

Quelles sont les situations les plus difficiles auxquelles il faut faire face durant ces missions ?

Un des services les plus importants, si ce n’est LE plus important, est d’apporter les vaccins aux citoyens isolés. Le transport de ce type de médicaments est particulièrement délicat car il suffit d’une faille dans la chaîne du froid (conservation des vaccins) pour les rendre inutilisables.
En ce qui concerne les missions de secours, environ la moitié d’entre elles implique de fournir des escortes médicales pour des personnes très malades ou gravement blessées depuis une petite clinique de campagne jusqu’à une structure plus importante comme un hôpital (pour nous, il se situe à Adélaïde).
L’autre moitié des missions de secours implique des personnes gravement malades ou blessées en pleine nature, sans aucune structure médicale. Ces dernières ont généralement besoin d’être examinées et stabilisées dans un endroit éloigné, qui peut parfois être une mine, un bord de route, une station service avant d’être transportées dans un hôpital.

Quelles sont les principales difficultés de ce métier ?

Ce travail présente deux difficultés majeures. La première et la plus commune est d’obtenir le plus d’informations possible avant de partir. Être mal, voire pas du tout informé peut amener à une mauvaise prise de décision. S’adapter à cet inconvénient est un challenge quotidien.
La deuxième grande difficulté est lorsque l’état du patient est extrêmement mauvais ou pire que ce que nous attendions, en sachant qu’il peut parfois même se dégrader encore plus durant le transport. Une telle détérioration peut s’avérer catastrophique pour le patient et sa famille.

À votre avis, quelles seraient les améliorations à apporter à cette organisation ?

Une des sections du Royal Flying Doctor Service mène actuellement une grande étude sur nos ressources et le travail que nous effectuons, sur la façon dont ces derniers sont perçues par le personnel ainsi que par les patients qui ont besoin de nos services. Nous espérons que cette analyse nous aidera à en apprendre plus sur les besoins de chacun et sur ce que nous pourrions améliorer, en sachant que nos ressources ne sont pas non plus illimitées.
De mon point de vue, « l’apprentissage de la santé » comme nous l’appelons ici est très insuffisant en Australie. Le fait que les gens puissent accéder à des connaissances médicales de base et soient capables de les utiliser est un déterminant majeur pour la santé et le bien-être de chacun, aussi bien au niveau individuel que communautaire. La technologie moderne, en étant correctement utilisée pourrait permettre d’améliorer cela.
La santé publique est relativement peu coûteuse et je pense que c’est dans ce secteur que nous devrions plus nous impliquer.

Qu’aimez-vous le plus dans votre travail ?

J’aime vivre à Port Augusta et j’aime avoir des défis à relever chaque jour. Parfois le challenge consiste à arriver à faire une multitude de choses banales en même temps et d’autres fois, il s’agit de faire des choses simples qui font pourtant une grande différence pour les patients et leur famille. Faire cette même différence malgré les barrières géographiques ou les barrières de communication, sans le confort et le matériel d’un grand hôpital est un défi qui vaut le coup d’être relevé !

Difficile d’imaginer un service de médecins en avion quand on vient d’un pays où il y a une pharmacie à chaque coin de rue ! Pourtant, les Royal Flying Doctors sont une organisation essentielle sur un territoire aussi vaste que l’Australie. Les personnes constituant le maillon de cette chaine de sauvetage permettent de sauver chaque jour des vies et d’apporter les soins nécessaires au bien-être des plus isolés. Comme disait le Révérend Flynn : « Ne priez pas pour des tâches égales à vos pouvoirs, priez pour des pouvoirs égaux à vos tâches. »

Copyright photos et vidéo : Royal Flying Doctors service.

Hausse des taxes des backpackers : Projet reporté.

0
Taxe sur les backpackers

Devant la fronde de l’industrie du tourisme et des agriculteurs, le gouvernement australien a décidé de revenir sur l’augmentation de la taxe sur le travail des backpackers. Son examen est reporté à janvier 2017.

« Plusieurs inquiétudes légitimes ont été soulevées. »
Richard Colbeck, ministre australien du Tourisme et de l’Education internationale, dans une conférence sur le tourisme en mars, à Sydney.

Pour autant, cela ne signifie pas l’abandon du projet. Le gouvernement prévoit d’étudier les conséquences de cette taxe et de rouvrir le dossier en octobre ou novembre.
La loi prévoyait une taxation de 32,5% dès le premier euro gagné pour les backpackers en Working Holiday visa. Mais pour le moment donc, l’ancien système reste en vigueur soit une taxation progressive à partir d’un seuil plancher de 18 200 dollars de revenus.

Si le gouvernement cherche à gagner du temps (en pleine période électorale), c’est avant tout parce que le Working Holiday visa est en régression. En 2014-2015, 173 491 visas vacance-travail ont été enregistrés, un chiffre en baisse de 5,4%.

Et les fermiers, inquiets, alertent de leur côté depuis des semaines sur le manque « sévère » de travailleurs saisonniers. « De nombreuses communautés rurales survivent grâce aux backpackers et aux ouvriers qui viennent pendant les hautes saisons de plantation et de récolte », prévenait Pat Hannan en janvier, directeur de Growcom, le syndicat des horticulteurs du Queensland, sur le média australien ABC.

Les Road Train : les chevaux mécaniques de l’Outback

1
Road-train
Road-train

Avec les Road Train, littéralement les trains de la route, la route australienne a un petit air du film Mad Max. L’Outback australien est sillonné par ces impressionnants camions rugissants au volant desquels les chauffeurs, les Truckies, constituent un des visages emblématiques du Bush. Avec leur manière de vivre solitaire et indépendante ayant pour seul décor l’Outback et ses infinies distances, les Truckies roulent dans la fournaise du jour ou la fraîcheur de la nuit étoilée au volant de leur train sur roues.

Chevaux mécaniques contre chameaux afghans

Bien avant que ces monstres de 400 chevaux filent dans le bush australien dans un nuage de latérite rouge en engloutissant des centaines de litres de fuel pour étancher leur soif, les pistes de l’Outback australien étaient traversées par des caravanes plus paisibles, nonchalantes et beaucoup plus économes, les Camel Trains, les caravanes de chameaux Afghans.

Camel train, un peu l'ancêtre du Roadtrain
Camel train, un peu l’ancêtre du Roadtrain

Mais c’était sans compter l’ingéniosité et le souci de rationalisation, peut-être même une conséquence de l’ennui dans l’Outback qui donnèrent l’idée à Kurt Johansson, un australien d’Alice Spring d’utiliser un tank de l’armée US pour créer le premier Road train qu’il baptisa avec élégance « Bertha ». La grosse Bertha transportait en un seul trajet 4 fois plus de bétail de sa ferme isolée au milieu du Bush jusqu’au lieu de vente : le 1er Road train était né et Kurt y gagna la postérité.

Road Train : Quand la démesure de l’Australie rime avec route

Les Road Train australiens (ils en existent aussi au Canada et aux USA) sont taillés aux dimensions du pays-continent, taillés pour la route, pour avaler les milliers de kilomètres qui séparent la côte sud du nord ou la côte est de l’ouest de l’Australie sur des routes goudronnées (sealed) ou des pistes (unsealed).

Ils transportent du minerai, du bétail, du carburant sur les interminables routes de l’Outback.

Ce sont les plus gros et les plus lourds véhicules au monde, conçus pour la route, certains atteignent les 200 tonnes et plus de 50 mètres de longs ( à comparer avec les poids lourds européens, poids plume de 38 tonnes), engloutissant des centaines de litre de carburants.

Les Road Train les plus courants sont des Double (2 remorques) ou Triple (3 remorques), mais vous pourrez rencontrer d’autres configurations plus impressionnantes aux sigles ésotériques comme un AB Triple, 3 remorques où le nombre d’essieux varient de la version triple de base, un ABB Quad, 4 remorques avec un nombre de roues à faire pâlir d’envie un marchand de pneumatiques taille Big size, ou même un 2AB QUAD.

Le plus long est le Powertrain ou Body and Six, comprendre 7 remorques ! Vous pourrez peut être, avec de la chance, en rencontrer un dans l’Ouest du Territoire du Nord, un monstre rugissant de pas moins de 1000 chevaux.

Transport d'animaux par Roadtrain
Transport d’animaux par Roadtrain

Truckies, le salaire de l’Outback

Vous remarquerez que beaucoup de chauffeurs de Road Train, les Truckies, sont relativement âgés, d’autant plus âgés que leur Road Train est imposant et long. La raison est que l’expérience parle et que pour toucher le Nirvana du plus long Road train et du plus gros chargement composé de plusieurs trailers (remorques), il faut commencer par dompter les fauves des catégories inférieures avant de cornaquer un mastodonte de 450 chevaux avec un moteur V8, le tout au rythme d’une boite à 13 vitesses !

À partir de 18 ans, il vous sera possible de conduire un Road Train, mais ce n’est que théorique car les compagnies qui pourront vous donner des missions ne vous confieront pas leur chargement avec si peu d’expérience en poche. Les conducteurs doivent suivre une formation (TAFE) où ils apprendront tout de la mécanique du tracteur (la cabine), tout ce qui est nécessaire pour se débrouiller seul dans l’Outback, dépanner son camion, les règles de sécurité… Une fois la formation en poche, il faudra année après année, camion après camion de plus en plus gros, gravir toutes les étapes pour devenir un vrai Trucky, une des icônes de l’Outback australien.

Road Train - Australian outback
Road train – Australian outback

Un Trucky est payé au kilomètre, il se fait en moyenne un salaire de 600 à 900 $ par semaine. Il gagne sa vie quand il roule, s’il tombe en panne, le temps d’immobilisation ne sera pas payé, ce qui explique que souvent le Trucky est aussi un bon mécanicien capable de se tirer d’affaire le plus vite possible, seul ou avec d’autres drivers, sans perdre de temps, donc d’argent.

Le rythme de vie impose en moyenne 2 semaines au volant et une semaine en famille.

Les Truckies se retrouvent souvent dans d’improbables Roadhouses au milieu de nulle part. Probablement pour eux la « meilleure » adresse pour manger et boire à des centaines de kilomètres aux alentours. La meilleure car il n’y aucune autre adresse dans l’immensité de l’Outback, ambiance garantie !

La conduite des Truckies semble imprégnée de la certitude qu’ils sont les maîtres de la route et de la piste, ce qui à l’évidence n’est pas vraiment faux. Leur présence et leur rapidité en imposent à tout conducteur bien que la vitesse soit limitée pour eux à 100 km/h. Mais l’absence de police sur ces distances considérables leur fait souvent oublier cette limitation et ce ne sont pas les kangourous qui épousent régulièrement les barres de protection fixées sur l’avant de leur camion qui seront d’un avis contraire.

Road Train : Roadtrain transport de carburant
Roadtrain transport de carburant

Kit de survie en cas de rencontre

Vous roulez tranquillement dans l’immensité du bush, laissant le paysage défiler sous un soleil de plomb admirant un groupe de kangourous qui bondit devant votre véhicule. Vous ne regardez plus depuis longtemps ces accessoires de conduite presque superflus que sont les rétroviseurs sur cette piste où on ne croise personne et sur laquelle personne ne nous suit. Soudain, votre regard est attiré par ce qui vous semble être un banal tourbillon de cette poussière rouge du bush, un tourbillon qui se rapproche étrangement vite dont deux points lumineux, deux yeux semblent sortir… Un Road Train est en approche !

À ce moment, il sera bon de vous souvenir de ces lignes et d’appliquer le kit de survie en cas de rencontre avec un Roadtrain.

Vous êtes suivi ?

Difficile de garder un Road Train qui fait jusqu’à 50 mètres de long pour 200 tonnes et qui file à 100 kilomètres par heure (ou largement plus) derrière soi sur des centaines de kilomètres de piste en restant calme. Un peu stressé ? Vous ne voulez pas rejouer un scène du film de Steven Spielberg, « Duel », alors prenez une bonne avance en accélérant, garez-vous sur le côté, attention de ne pas se garer sur un terrain meuble (bien sur le côté) et laissez passer le monstre en retenant votre respiration. Si vous sortez de votre voiture pour immortaliser le moment, n’oubliez pas de protéger votre pare-brise et votre visage par la même occasion.

Vous choisissez de le laisser doubler ?

Vous allez vivre un moment fort ! Surtout fermez vos fenêtres, maintenez votre vitesse, ne ralentissez pas et quand le Road Train vous aura dépassé, avertissez le conducteur qu’il peut se rabattre en faisant un appel de phares .

Restez à distance de cette tornade de poussière pour ne pas manger toute la terre de l’Outback.

Vous êtes intrépide et vous avez décidé de le dépasser

Ce sera probablement le plus long dépassement de votre vie, alors prévoyez une longue, longue ligne droite avec visibilité. Quand vous êtes prêt à vous lancer dans ce « corridor de la mort », signalez-le au conducteur du Road Train par un appel de phares et dépassez-le rapidement mais à vitesse constante.

Vous rencontrerez assez souvent des Road Train sur la Stuart Highway au nord d’Alice Spring, sur la Great Northern Highway entre Katherine et Broome, sur la Savannah Highway au nord du Queensland et dans les régions proches des mines ou des régions d’élevages.

Comment stopper un Road Train avec le pouce

En matière de rencontre, vous pouvez aussi avoir envie de découvrir ce personnage indépendant et solitaire qui dompte cette bête de 400 chevaux, le driver de Road Train.

Les Truckies aiment partager leur temps de conduite avec des auto-stoppeurs. Attention la conversation risque d’être peu animée si vous ne parlez pas bien anglais, et vous risquez fort de décevoir le trucker qui s’est fait une joie d’échanger avec vous et de partager quelques centaines de kilomètres !

Road Train : Roadhouse point de rencontre des truckies
Roadhouse point de rencontre des truckies

Les parkings des Roadhouses sont les meilleurs endroits pour rentrer en contact avec des truckies et être pris en stop. La raison est toute simple, les Roadtrains sont à l’arrêt. Ça semble évident, mais dans l’Outback un Road-train qui file à 100 kilomètres à l’heure voire plus, nécessite plusieurs centaines de mètres voire jusqu’à 1 kilomètre (les plus imposants) pour s’immobiliser.

Si vous souhaitez néanmoins arrêter ces monstres avec un simple pouce, choisissez une zone de plusieurs dizaines de mètres avec un large bas côté pour que le Road-train puisse stopper. Laissez votre backpack à cet endroit pour éviter de le porter sur une longue distance puis parcourez plusieurs centaines de mètres plus loin sur la route et attendez.

Vous serez souvent accueilli à bord par un « Ever had a go driving one of these ?” qui traduit bien que le conducteur, en vous prenant vous fait partager un moment unique de la vie de l’Outback. Peut-être aurez-vous ce rare privilège d’être quelques instants au volant du monstre, récompense ultime d’une conversation qui a su séduire ce solitaire du bush.

Encore plus long et encore plus fou !

Vous pensiez que les Road Train avaient une limite ? Certains pensent que non. Ils sont évidemment australiens et pulvérisent le nombre possible de remorques et de charge.

En 1989 un Trucker au doux surnom de Buddo a créé un Roadtrain de 12 remorques, mais c’était sans compter sur une société de transport de Merredin dans le Western Australia qui porta le record à 45 remorques pour une charge totale de 600 tonnes… Record totalement inutile car à mesure que la longueur du Road Train augmente, de record en record, la distance parcourue diminue pour atteindre un ridicule 100 mètres pour un Road train de 112 remorques de 1300 tonnes tiré sur la route principale de Clifton dans l’état du Queensland.

Road Train : Tentative de record - Photo John Denman
Tentative de record – Photo John Denman

Si vous avez croisé des Road Train lors de votre voyage ou mieux, que vous avez eu la chance de monter à bord, n’hésitez pas à laisser vos impressions en commentaires de cet article !

La vie dans une ferme au cœur du Pilbara

1
Chemin vers la
Chemin vers la "station", la ferme

Comment font les Australiens du bush livrés à eux-même ? Ceux qui n’ont pas d’autre maître-mot que la débrouillardise ? Voici l’exemple d’une famille vivant dans la région sèche, chaude et isolée qu’est le Pilbara, située au nord-ouest de l’Australie Occidentale. Leur histoire, c’est l’image de l’autre Australie, bien loin de Sydney et des autres métropoles de l’île-continent. Car ce territoire, grand comme 11 fois la France, est aussi immense que diversifié.

Le Pilbara, région dépeuplée d’Australie Occidentale

En quittant la côte ouest de l’Australie et le parc national de Ningaloo Reef, nous passons une journée entière sur la route pour rejoindre la région du Pilbara, avec pour objectif le fameux Karijini National Park. Mais voilà qu’en chemin, après une nuit sur un camp aux abords de la Nanutarra Wittenoom Road, une femme d’une petite quarantaine d’années se présente à nous. Elle s’appelle Robin et elle dit habiter juste à côté… À notre grande surprise, n’ayant vu âme qui vive depuis des centaines de kilomètres !

Car le Pilbara, ce sont 500 000 km2 (c’est-à-dire quasiment la France…) pour 40 000 habitants, dont la plupart peuple les côtes. La région est essentiellement composée de plaines désertiques et de roches appelées cratons. En route, on voit tout au plus quelques troupeaux de boeufs sur le bas-côté, la seule trace de vie humaine se résumant en une station-service tous les 200 à 300 km.

On ne réalise pas que sur notre chemin, tout autour du pays, nous foulons les terres de ces milliers d’Australiens qui vivent depuis toujours, ou ont choisi de vivre dans l’outback.

Voici l’histoire de l’une de ces familles, littéralement coupée du monde : la famille Pensini. Ce matin-là au campement, il fait chaud, très chaud et pourtant le mois de mai n’est pas le pire de l’année au niveau du thermomètre, nous sommes à la fin de l’automne. Ceci dit, la région dépasse facilement les 32 degrés toute l’année, atteignant parfois 45 degrés l’été. Alors évidemment, les mouches, véritable plaie de l’outback australien, ne nous lâchent pas. Comme souvent dans le bush, dès le réveil, il faut faire avec ! Nous sommes situés à environ 100km à l’ouest de Paraburdoo, une ville d’à peine 2000 habitants. Alors que nous nous apprêtons à prendre la route pour rejoindre cette ville et que le camp se fait désert, une femme à l’allure de cowboy, avec son chapeau et sa chemise à carreaux, nous propose de venir travailler quelques jours dans sa « station » qui manque de bras. Puisque rien ne nous attend nulle part et que nous sommes curieux, on se laisse convaincre assez facilement.

Une exploitation agricole immense et isolée

Au début, on pense qu’il s’agit d’une station-service, mais n’ayant rien vu sur la route, on a un doute. Finalement, quelques minutes plus tard, on se retrouve devant la maison de Robin et de son mari, Evan, située absolument au milieu de nulle part. Toutefois, contrairement à de nombreux Australiens, eux disposent au moins d’une belle route goudronnée à un kilomètre de chez eux ! Et cette terre que l’on foule tout autour, qui est également à eux, ils l’ont nommée Cheela Plains. Le couple possède pas moins de 188 000 hectares, et encore, c’est « une petite terre, environ deux fois moins que les voisins » d’après Evan. Ah, ils ont des voisins en plus ? Dans le Pilbara, le premier « voisin » habite à pas moins de 70 km de la maison des Pensini. Mais, quand on leur demande s’ils les connaissent, ils nous répondent « bien sûr, ce sont nos voisins ! » Et dire qu’on ne connaît même pas nos voisins de palier à Paris…

Panneaux solaires
Panneaux solaires pour assurer l’autonomie

La « station », c’est donc cette terre, une exploitation agricole ouverte qui s’étend sur une terre rouge et recouverte ça et là de petites montagnes. Le couple Pensini possède « quelques » bovins (certainement un grand nombre, vue la taille du terrain) que nous ne verrons pas. Et pour cause, dans la région, il n’y a pas de clôture, le bétail se balade en liberté sur la terre. On se demande d’ailleurs comment ils font pour les retrouver. Malheureusement, ils ont bien moins de bovins qu’avant, depuis que la sécheresse a frappé le Pilbara. Il n’y aurait pas plu une goutte d’eau pendant 2 ans, entre début 2010 et début 2012. Si bien que les Pensini sont allés s’occuper d’une autre exploitation tout près d’Alice Springs, dans le Northern Territory, pendant tout ce temps. Les gens du bush sont bien plus dépendants de la nature que nous autres citadins.

Fraîchement de retour chez eux, ils reprennent doucement leurs activités. Cette terre, elle appartenait aux parents d’Evan, qui a toujours vécu à la campagne. C’est ainsi qu’il a rencontré Robin, venue du Texas pour étudier l’agriculture en Australie. Après avoir travaillé dans l’exploitation de la famille Pensini en 1991, elle rentre chez elle, aux États-Unis. Mais Evan veut l’épouser. Elle revient en Australie trois ans plus tard et n’en repartira plus jamais. 18 ans après, ils ont 4 enfants et forment une famille si typique de l’outback !

Tout fabriquer de ses propres mains, sans aide de l’État

Ensemble, ils ont bâti tout ce qu’ils possèdent dans le Pilbara. Et ici, plus que nulle part ailleurs, tout nécessite de mettre la main à la pâte. La maison, ils l’ont construite quasiment tout seuls, et en plus elle en jette ! Assemblée à partir de plusieurs « ship containers » (conteneurs maritimes), la maison a des allures de modèle dans une émission de décoration intérieure. Il a fallu une dizaine d’années à Evan pour tout finir. Le résultat est remarquable. Un sol en pierre de la région, un intérieur soigné et climatisé, une belle terrasse avec piscine et un jardin avec de l’herbe bien verte, ce qui saute plutôt aux yeux au milieu de ce décor désertique.

Oasis au coeur du Pilbara
L’oasis de la famille Pensini au coeur du Pilbara

Ici le jour décline très tôt, 18h l’été, 15h l’hiver, alors les Pensini sont des lève-tôt. Ils n’ont pas d’autres choix que de vivre avec le rythme du soleil. À 15h l’école est finie, les enfants jouent dans le jardin, poussent le ballon ou grimpent dans les rares arbres assez grands pour être amusants. En dépit des éléments et malgré tout, la famille Pensini ne manque vraiment de rien. Car, pendant la journée, ils ne chôment pas, Evan revêt plusieurs casquettes : fermier, boucher, maçon, mari et papa. Pour ceux qui vivent en autarcie comme les Pensini, les impôts payés à l’État ne servent quasiment à rien. C’est en tout cas le sentiment qu’ils ont vu que les services publics sont presque inexistants dans ces zones si reculées. De manière générale beaucoup d’habitants du Western Australia se sentent laissés à l’écart, oublié par l’Est, où tout se passe.

Alors, les Pensini se débrouillent. L’eau, ils l’ont puisée eux-mêmes. Ils ne sont bien sûr pas raccordés à l’électricité alors il a fallu s’équiper de générateurs à pétrole mais aussi de panneaux solaires. Aujourd’hui, ils ont enfin l’électricité toute la journée. Quand ils ont besoin de quelque chose, ils doivent rouler 1h, jusqu’à Paraburdoo, pour aller faire les courses, ou jusqu’à Tom Price, localité de 3000 habitants, située à environ 130 km de Cheela Plains. Certains jours, Robin s’y rend même à deux reprises… Mais ils sont bien organisés, ont beaucoup d’espace et une chambre froide dans laquelle ils disposent la viande qu’ils conservent pour eux-mêmes. Avec ses belles bêtes, Evan découpe des entrecôtes, fabrique des saucisses, un régal au barbecue !

Une famille exemplaire

Ce sont des gens absolument adorables. Nous les aidons à peindre et aménager les premiers baraquements dédiés à des géologues et à des mineurs, ils en réaliseront d’autres par la suite. En effet, les sols du Pilbara sont riches, le Western Australia regorge d’ailleurs de mines. Les baraquements sont installés de l’autre côté de la Nanutarra Wittenoom Road. Nous dormons nous-même dans l’un d’eux, avec aucun voisin à des kilomètres à la ronde, à part peut-être un couple de varans qui a élu domicile sous notre abri !

La famille Pensini, il y a quelques années
La famille Pensini, il y a quelques années

Le couple a 4 enfants, uniquement des garçons. Les aînés sont deux jumeaux âgés de 15 ans, Gavin et Fraser. Le suivant, Preston, a 12 ans, et le petit dernier, Lawson, seulement 8 ans. Nous n’avons pas rencontré Gavin et Fraser car, à l’âge de 12 ans environ, tous les garçons de la famille sont amenés à quitter le nid familial pour la ville, en l’occurrence Perth, Capitale du Western Australia, située à 1500 km de là… Eh oui, car ici, pas de lycée et encore moins d’université. Ainsi, à peine pubères, les enfants Pensini quitte la maison pour l’inconnu total. Eux qui ont vécu toute leur vie au milieu de nulle part en autarcie avec leurs parents.

Une enfance pas comme les autres : « School of the Air »

En attendant l’heure de partir en pensionnat, Preston et Lawson suivent l’école à distance, qu’on appelle School of the Air en Australie. Des centaines d’enfants sont inscrits à la School of the Air de la ville la plus proche de chez eux, en l’occurrence Port Hedland (570 km au nord) pour les Pensini. Chaque matin à 8h, les garçons se connectent à Skype sur l’ordinateur et discutent avec le professeur et d’autres enfants comme eux. Ensuite, ils étudient dans leur coin la leçon du jour. Ils reçoivent régulièrement du courrier en provenance de l’école. Pendant plusieurs années, Robin a dispensé l’école à ses enfants, en plus de gérer son exploitation avec son mari. Aujourd’hui, une professeur à la retraite (également prénommée Robin) est volontaire pour aider les enfants quelques mois par an, en échange du gîte et du couvert.

En Australie, les États agissent souvent plus que l’État, et encouragent notamment les professeurs retraités à venir en aide à tous ces enfants isolés du monde. Et ça a l’air de fonctionner plutôt bien ! Preston et Lawson sont deux enfants très intelligents et studieux. Tous les samedis ou presque, les deux garçons jouent au footy à Paraburdoo, avec les enfants de la région. Un des rares moments leurs permettant de se sociabiliser avec d’autres enfants de leur âge.

Baraquements sur l'exploitation
Baraquements sur l’exploitation

Mais comme Preston s’apprête à partir, Lawson va devoir suivre l’école à la maison tout seul, pendant les 4 prochaines années ! D’ici peu, Evan et Robin se retrouveront à eux-deux sur leurs immenses terres. Bien sûr, leurs progénitures reviendront pour les vacances, de temps en temps. Et après tout c’est la vie qu’ils aiment, qu’ils ont choisi et qu’ils ne quitteraient pour rien au monde.

Le Pilbara, voisine du Kimberley, est en plus l’une des plus belles régions d’Australie à notre sens. On y a observé des couchers de soleil incroyables vus de la colline surplombant les baraquements. Et même de là-haut, toujours rien à perte de vue, à part une magnifique plaine coiffée d’herbes folles dorées et balayée par une terre rouge.

Photos de Pierre Checa
Photo de la famille Pensini par ABC

Les visages de l’Australie intérieure : L’Outback

2
Road train - Outback Australie

À la découverte de l’Outback…. mais qu’est ce que l’Outback australien ? En gros, il s’agit de tout l’intérieur du pays, et plus précisément les immensités peuplées de troupeaux de moutons et de vaches qui appartiennent à de vastes « Stations » (fermes) situées la plupart du temps au milieu de nulle part, parfois plus grandes que le Luxembourg ou la Corse…

Un bush semi-aride en saison sèche, qui se transforme chaque année pendant les inondations en un marécage inextricable, bloquant ses quelques occupants pendant parfois plus de 5 mois ….

Nous sommes donc partis à la découverte de ces gens qui vivent dans les endroits les plus isolés et les plus reculés de la planète. Car si la société australienne est essentiellement urbaine, c’est pourtant dans l’Outback que l’on apprécie réellement le pays, avec sa terre rouge, ses pubs et le tempérament des « Aussies ».

Outback Australie

Tout l’intérieur de l’Australie est sillonné de milliers de kilomètres de pistes, soit boueuses, soit envahies d’une fine poussière qui s’infiltre partout en fonction des saisons.

Ces pistes sont pour la plupart des anciennes « Stock Routes », (routes du bétail) qui ont chacune leur histoire. En effet, elles servaient à faire migrer les troupeaux en fonction des conditions climatiques, en direction de meilleurs pâturages. Aujourd’hui, elles sont empruntées par d’énormes camions tirant au minimum 3 remorques, voire 4, et transportant en général du ravitaillement à l’aller et le bétail (sur 2 niveaux) au retour des « Stations » (fermes) du bout du monde. Ces « Road Trains » sur les « tracks » (pistes) lèvent une poussière rendant les dépassements très délicats.

Outback Australie
Road train – Outback Australie

Les 29 moutons mérinos et les 5 vaches importés d’ Angleterre en 1788 sont à l’origine de la richesse de l’agriculture australienne….. Avec ses 7 713 360km2 et ses 27 millions de bovins, l’Australie est très productive. La viande de boeuf et de veau produite par les « Cattle Stations » est principalement exportée vers les États-Unis et le Japon. Au total, les terres réellement cultivables représentent moins de 10 % du territoire national.

Toutefois, les pionniers australiens ont su créer, par leur labeur et leur technicité, une agriculture très performante qui produit des excédents considérables. Pour rassembler ces immenses troupeaux d’ovins et de bovins qui s’égaient au milieu de nulle part, plusieurs méthodes de « Mustering » s’offrent aux « Farmers » (fermiers).

Road train - Outback Australie

L’hélicoptère, l’avion, le 4×4, la moto, et le cheval bien sûr, le tout relié par radio UHF. Généralement, c’est une combinaison de 3 de ces moyens que choisissent les fermes.

Le mustering peut prendre jusqu’à 3 semaines en fonction de la superficie de la station, qui peut atteindre sans peine la dimension d’un département français… D’ailleurs, beaucoup de stations disposent de leur propre avion et l’utilisent pour faire le tour des clôtures, vérifier les points d’eau et faire le tour du propriétaire.

Road train - Outback Australie

Le mustering ( rassemblement du bétail ) est un « sport » dangereux : tous les ans, des pilotes se prennent dans les arbres et les accidents sont fréquents. En effet, le bétail devient de plus en plus récalcitrant en prenant de l’âge, contraignant les pilotes à prendre des risques pour aller les débusquer dans le bush.

123 millions de moutons à tondre par les Shearers. L’Australie est le plus grand producteur et exportateur mondial de laine avec la Nouvelle-Zélande. Les « Sheep Stations » fournissent quelques 70% des besoins mondiaux en laine destinée à la confection de vêtements. La laine est produite par 53 000 éleveurs avec environ 123 millions de moutons répartis sur la moitié du pays. Le cheptel est constitué, pour les quatre cinquièmes, de moutons de race mérinos qui donnent la laine la plus fine qui soit. Environ 97% de la laine australienne est exportée. La Chine, le Japon, la France, l’Allemagne et l’Italie constituent les principaux marchés.

La tonte est un moment important dans le bush. Des équipes de tondeurs professionnels, les « Shearers », vont de sheep-station en sheep-station pour proposer leurs services pendant les mois d’automne, d’hiver et de printemps austral. Dans la culture australienne, les shearers sont une race d’hommes à part, payés au nombre de moutons tondus. Ils se livrent à des matchs épiques, tondant un mouton en quelques dizaines de secondes.

ferme outback - australie

Un bon shearer tond 170-180 moutons par jour (8 heures), et gagne 1.74 $ (0.97 €) du mouton tondu. Une fois le mouton tondu, la laine est triée par catégorie, puis elle passe à la presse pour être empaquetée par balles de 200 kg chacune.

Le Cattle (bétail) est acheminé sur des foires aux bestiaux dans les principales villes de l’Outback, par d’énormes Road Trains (camions) où il sera vendu aux enchères. Les bêtes d’âge pour la viande, sinon les plus jeunes têtes partiront vers d’autres Stations (fermes), afin de continuer à grandir et finiront tôt ou tard en T-bone (côte de boeuf) dans nos assiettes !

Nous nous enfonçons toujours plus profondément dans l’Outback australien et la piste s’étire à l’horizon, impressionnante ligne droite sur des centaines de kilomètres, seule trace de l’homme dans la nature sauvage. Bleu, rouge et vert, sont les trois couleurs qui se déclinent en Australie. Le bleu intense du ciel sans nuage, le rouge vif de la terre et le vert du « Bush » (buisson ardent). Aussi loin que porte notre regard, nulle autre couleur ne vient troubler cette parfaite harmonie naturelle. À 80km/h, la vitesse est grisante sur la piste sans trafic et un véhicule tout terrain bien équipé prend ici tout son sens. Le « Bull dust » (poussière rouge) que lève le 4×4 pénètre partout. Même nos cheveux prennent des nuances orangées ! Le soir, nos bivouacs se passent dans la plus grande solitude, en autonomie complète, nous nous sentons immensément libres….

La réponse à l’isolement du Bush, Flying doctors et School of the Air

Il n’y a que pour les touristes que le « Bush » (brousse) australien est une merveilleuse randonnée. Pour ceux qui le vivent au quotidien, cela peut tourner au cauchemar.

En effet, ces terres immensément plates se transforment, pendant la saison des pluies (octobre/mars), en un vaste marécage de plusieurs milliers de kilomètres carrés, rendant inaccessibles par voie de terre la plupart des « Stations » (fermes). Devant cet isolement total de près de 6 mois par an, sont nés les « Flying Doctors » et la « School of air« , afin de rendre un peu plus hospitalier certaines régions de l’Outback.

Jusqu’à la fin des années 20, les habitants des zones les plus reculées de l’outback n’avaient pas, ou peu, accès aux infrastructures médicales. C’est pourquoi à partir de 1912, le révérend John Flynn, horrifié par les tragédies dues au manque d’infrastructures médicales, comprit rapidement que le problème serait réglé au moyen de la radio et de l’avion. Mais, malheureusement, ces outils en étaient encore à leurs balbutiements.

Outback Australie
Les médecins volants

En 1928, à Cloncurry, dans le Queensland, vit le jour la première base des « Royal Flying Doctor Service », (médecin volants). La ville devint par la suite la base du Queensland & Northern Territory Aerial Services (Qantas) qui fournissait un pilote et un appareil. Aujourd’hui, il n’est plus aucun patient sur le territoire australien qu’un médecin ne puisse atteindre en moins 2 heures.

Les 16 bases que compte le réseau sont éparpillées sur l’ensemble du territoire. Par exemple, celle de Broken Hill rayonne sur 640 km2, elle compte 6 pilotes, 6 infirmières, 6 médecins et des correspondants dans les dispensaires éparpillés dans quelques bleds du bush.

Si ce n’est pas grave, les ordonnances se font par radio, car chacun, à son domicile dans les régions reculées, possède une pharmacie très complète. Sur le plan administratif, le RFDS est financé par les autorités et par des personnes privées, et bénéficie du statut d’association à but non lucratif.

Il a fallu aussi que l’Australie remédie à un autre problème, celui de la scolarité des enfants du bush ; c’est ainsi que naquit sur les ondes des RFDS la « School of the Air » (école par les ondes). Les enfants vivant dans l’outback étaient scolarisés par correspondance. En 1944, Adelaide Meithke se rendit compte que la radio HF pourrait être utilisée pour la scolarisation de ces enfants et donner un côté social par un contact direct avec leur enseignant et les autres élèves.

Outback Australie

Son idée était de créer une salle de classe sur les ondes en utilisant le réseau radio du Royal Flying Doctor Service (RFDS).

Cela devint une réalité en 1951. Aujourd’hui, il y a 14 « School of the Air » qui couvrent l’outback australien. La plus grande partie de la scolarisation se fait toujours par correspondance mais chaque jour l’élève suit des leçons par radio et parle 15 minutes par semaine personnellement avec son enseignant.

Mais rien ne remplace le contact réel ; c’est pourquoi les enseignants se déplacent plusieurs fois par an en 4×4 ou en avion pour rencontrer leurs élèves. Et, une fois par an, élèves et parents se rendent à l’école pour une semaine d’activités en commun. Certains de ces enfants vivent à plus de 1.000 kilomètres de leur école et devraient parcourir plusieurs jours de pistes difficiles pour y parvenir.Avec l’avènement des nouvelles technologies sur Internet, l’enseignement s’en trouve de plus en plus facilité.

L’Outback australien ne laisse pas indifférent, les sentiments sont extrêmes comme le milieu, on adore et soudain on déteste au détour d’une piste poussiéreuse….. Ici les « Farmers » (fermiers) ont pris au piège des dingos, les ont étripés et les ont pendus par les pattes à un arbre !

Outback Australie
Dingo Tree – Copyright abc.net.au

Pourquoi ? Parce qu’ils les détestent et les tuent systématiquement, les considérant comme des immigrants illégaux introduits par les colons britanniques. Ces animaux sont désormais considérés comme « vermine » au même titre que les « Dingo » (chien sauvage d’Australie). D’ailleurs, ça aussi c’est un des nombreux visages de l’Australie !

Mais il y a également les cadavres de kangourous qui jalonnent les routes, heurtés par des chauffeurs trop pressés et équipés de solides « Roo bar »(pare-buffles). Il faut ensuite effectuer un gymkhana afin de ne pas leur repasser dessus… Et puis, pour se remettre de toutes ces émotions, il y a bien sûr les innombrables « Pubs » (bar) où tous les « Aussies » (australiens) du coin se retrouvent pour boire une « Piss » (bière).

Ces pubs sont tous plus hétéroclites les uns que les autres, un capharnaüm général conférant au lieu une ambiance bien particulière qu’il ne faudrait pour rien au monde rater !

Dingo Fence, la plus longue clôture du monde

Auprès de la population des grandes villes australiennes, la « Dingo ou Dog Fence » ne jouit pas d’un immense prestige : à Sydney, rares sont les gens capables de situer un point sur la longue trajectoire de 9.600 km qu’elle décrit à travers 3 états. Elle est la plus longue clôture du monde.

Cette barrière, réglementairement, mesure 1.80 m de haut et s’enfonce de 30 cm dans le sol. Elle n’est que la fameuse « Rabbit Fence » datant de 1880 et fut reconstruite contre les dingos en 1920. Elle est censée protéger les moutons de ces chiens sauvages.

Outback Australie

Ici, deux « Boundary riders » (coureurs de frontière) constatent les dégâts d’un dingo qui a tué deux agneaux ; sa dépouille est accrochée en trophée au dog fence ! Leur tâche consiste à surveiller l’entretien de la barrière sur une soixantaine de kilomètres.

Les déserts de l’Outback, pour se perdre encore plus …

Les déserts en Australie sont au nombre de cinq. Le plus vaste se trouve au sud de Darwin et se nomme le Great Sandy Desert. Il couvre la région entre l’Océan Indien et le Parc National d’Uluru. À peine plus au sud, on trouve le Gibson Desert. Encore plus au sud et au centre du continent, s’étend le Great Victoria Desert. Enfin, à l’est d’Alice Springs, on trouve le Simpson Desert et au sud-est, le Sturt Desert.

Environ 70 % de la superficie du territoire australien est soumis à un climat aride ou semi-aride. Plus d’un tiers du continent est pratiquement désertique en raison de la faible pluviosité. Seul un cinquième du territoire est arrosé de précipitations annuelles supérieures ou égales à 600 mm. L’Australie est sans doute l’une des plus vieilles terres du monde !

Là commence la véritable aventure, lorsque nous rejoignons la « French Line » une piste qui traverse le désert d’ouest en est, incisant les dunes à angle droit.

Le Désert de Simpson en fleurs… Le Pois du Désert de Sturt ( fleurs rouges) est une plante annuelle des régions arides du centre qui fleurit après les pluies diluviennes.

Le dernier challenge est de gravir la Big Red, cette dune de plus de 60 mètres de haut au nord de Birdsville... Il a fallu, pour certains, s’y reprendre à plusieurs fois !

Outback Australie

Fin du périple dans l’outback australien 🙂 j’espère que ce récit vous a donné l’envie de découvrir cet autre visage de l’Australie ! L’Outback.

Merci à Gwendolyn et Marc de nous avoir fait partager cette aventure.

Famous Outback Tracks, les pistes les plus mythiques.

5
Oodnadatta
Oodnadatta

Loutback, terre rouge catalyseur de la magie australienne, est une vaste étendue encore sauvage et dépeuplée, traversée de pistes (« tracks ») mythiques et esseulées baignant dans un héritage aborigène et pastoral, une histoire de nature et de colonisation. Des routes à emprunter pour le touriste aventurier, du débutant à l’expert.

Oodnadatta Track

S’étendant sur un peu plus de 600 km à travers l’outback du South Australia, entre Marree et Marla, l’Oodnadatta Track est une piste historique à plusieurs niveaux. Tout d’abord, il s’agit d’un chemin traditionnellement emprunté par les aborigènes, où le voyage à travers des terres arides et inhospitalières est rendu possible par la présence occasionnelle mais régulière de résurgences d’eau dans le désert (mound springs), qui tirent leur source dans l’immense aquifère souterrain du Grand Bassin Artésien. Pour cette même raison l’Oodnadatta a aussi été empruntée par l’explorateur John McDouall Stuart en 1859, et a également vu la construction d’un chemin de fer (Central Australian Railway) et d’une ligne de télégraphe (Overland Telegraph) dont les artefacts abandonnés jalonnent encore la piste.

Oodnadatta
Oodnadatta

De nos jours, l’Oodnadatta Track est devenu une alternative aventureuse à la Stuart Highway, cet axe majeur et bitumé qui traverse le centre du continent du nord au sud, reliant Adelaide, Alice Springs et Darwin. Pour emprunter l’Oodnadatta, il vous faudra d’abord traverser les chaînes millénaires et poussiéreuses des Flinders Ranges pour rejoindre le hameau de Marree : ici débute l’Oodnadatta, qui court plus ou moins en parallèle à la Stuart Highway avant de la rejoindre et de s’achever à Marla.

En chemin, vous pourrez explorer les résurgences d’eau de Wabma Kadarbu Mound Springs Conservation Park, faire un détour par les rives salées du Lake Eyre, traverser le plus petit bourg d’Australie (William Creek, population : 14 habitants) et la plus grande propriété pastorale au monde (Anna Creek Station qui fait quasiment la taille de la Belgique), et enfin savourer une boisson bien méritée à l’immanquable Pink Roadhouse (« la station service rose ») d’Oodnadatta.

L’Oodnadatta Track n’est pas strictement réservée aux 4×4 – un conducteur expérimenté et bien préparé peut la suivre dans un véhicule conventionnel, pour peu que le temps lui soit favorable (la pluie rend très vite la surface de la piste extrêmement glissante). Le 4×4 reste vivement recommandé pour plus de sécurité, et essentiel si vous souhaitez faire un détour par les rives du lac Eyre. Dans le doute sur l’état de la route, et pour obtenir des informations à jour, n’hésitez pas à contacter directement la Pink Roadhouse.

Tanami Road

Encore souvent appelée « Tanami Track », cette piste se déroule sur près de 1000 km à travers le désert de Tanami, entre Alice Springs et Halls Creek. Passer par le Tanami constitue un raccourci aussi efficace qu’isolé pour se rendre de la région du centre rouge à celle du Kimberley : le trajet est tout simplement deux fois moins long qu’en restant sur l’asphalte, et autrement moins fréquenté. Bitumée sur la première centaine de kilomètres jusqu’à Tilmouth Well, la Tanami se transforme ensuite en route de terre, à la fois entretenue et parfois endommagée par un trafic de lourds camions : la région est le site d’un riche gisement d’or, Granites Mine.

tanamitrack
Tanami Track

Cette activité minière rend l’état de la route parfois imprévisible, et comme toujours dans l’outback il est donc bon de se renseigner auprès des autorités locales pour obtenir des informations à jour. Le 4×4 reste recommandé pour d’avantage de sécurité et de confort. Mais surtout, n’attendez pas trop longtemps pour venir parcourir la Tanami Road si vous souhaitez y respirer un parfum d’aventure : suite au développement minier, le gouvernement du Northern Territory prévoit de bitumer cette route, qui deviendra donc graduellement une autoroute un peu plus ordinaire au fil des prochaines années.

En chemin, deux détours retiendront l’attention des amateurs de nature : Newhaven Station, 150 km à l’ouest de Tilmouth Well, est une ancienne propriété pastorale rachetée il y a quelques années par Birds Australia, la plus grande organisation ornithologique du pays. La station est maintenant devenue une réserve visant à protéger à jamais l’écosystème et la faune de la région, où campeurs et randonneurs sont les bienvenus. À l’autre bout de la Tanami Road, non loin d’Halls Creek, ne manquez pas le parc national de Wolfe Creek, immense cratère naturel causé par l’impact d’une météorite sur la terre il y a des centaines de milliers d’années.

Dernière note : comme toujours dans l’outback il est important de connaître les points de ravitaillement en carburant le long du parcours. L’une des plus célèbres roadhouses de la Tanami Track, Rabbit Flat, est maintenant fermée – ne comptez donc pas vous procurer de l’essence là-bas et faites vos réserves en conséquence.

Gibb River Road

Dans le nord-ouest du Western Australia, l’Australie Occidentale, se trouve une rÉgion tropicale et préservée portant le doux prénom de Kimberley. C’est ici que passe la Gibb River Road, qui relie Wyndham à Derby sur environ 660 km de piste. Tout du long, il vous sera possible de vous arrêter dans une des multiples gorges qui jalonnent la Gibb River Road : Bell Gorge, Manning Gorge, Galvans Gorge… Autant de trous d’eau magnifiques et rafraîchissants où le voyageur pourra trouver le repos, tandis que l’amateur de luxe pourra quant à lui satisfaire ses envies de détente en séjournant sur des propriétés privées telles que El Questro ou Mornington Wilderness Camp, qui proposent confort et raffinement au cœur du bush.

Gibb River Road
Gibb River Road

Les atouts de la Gibb résident aussi dans ses détours, comme la piste qui part vers le nord, en direction de la côte, puis fourche en deux directions : à l’ouest, les célèbres et gigantesques cascades de Mitchell Falls, à l’est, rendez-vous avec l’océan indien au paisible village de Kalumburu, dont la sérénité ravira les esthètes autant que les pêcheurs. Plus loin, en direction de Derby, vous pourrez choisir de quitter la Gibb River Road pour rejoindre l’autoroute bitumée, non sans passer d’abord par Windjana Gorge et le parc national de Tunnel Creek, où un cours d’eau s’enfonce dans la roche… À explorer avec une lampe de poche.

Le 4×4 est nécessaire pour explorer la Gibb River Road, et il vous faudra également respecter les cycles des saisons : le Kimberley étant une région tropicale, elle connait des moussons en été (décembre à mars) et la pluie battante rend la route impraticable, les rivières infranchissables. Planifiez donc votre voyage pour l’hiver : de juin à août les températures sont douces, le ciel bleu et la route praticable !

Great Central Road et Gunbarrel Highway

La Great Central Road est le moyen le plus direct pour vous rendre de Perth à Alice Springs. Cette piste, qui débute au nord de Kalgoorlie, passe à travers le Great Victoria Desert et le Gibson Desert pour déboucher aux pieds de l’incontournable Uluru (ou Ayers Rock), joyau du centre rouge, vedette de l’outback australien. La piste est en assez bon état, mais encore une fois le 4×4 est vivement recommandé pour diminuer les risques d’ensablement et passer un voyage plus confortable. Ce que vous perdez en vitesse, vous le gagnez en kilomètres : Perth à Alice Springs via la Great Central Road, 2200 km (la GCR elle-même compte pour environ 1000 km de ce total). Par l’autoroute bitumée, 3600 km (4400 km en ajoutant un passage par Uluru !).

Longer la Great Central Road, particulièrement à l’approche de la frontière entre Western Australia et Northern Territory, c’est aussi l’occasion de rêvasser aux grandes légendes australiennes : c’est dans cette région qu’un aventurier du nom d’Harold Lasseter aurait découvert un richissime filon d’or (en anglais, « gold reef », que l’on traduirait aussi littéralement que poétiquement par « récif d’or »). Jeune et en mauvais état suite à sa traversée du désert, Lasseter ne dispose pas du moindre moyen d’exploiter son fabuleux gisement, ni d’en noter précisément l’emplacement – nous sommes en 1897 et le GPS n’a pas encore été inventé ! Sauvé du pétrin par un chamelier afghan, Lasseter passera le reste de sa vie à tenter de retrouver son filon, sans succès. Aujourd’hui encore, le filon d’or de Lasseter est un sujet de fantasme et de spéculation, son emplacement autant que son existence sont débattus à foison par les aficionados de l’outback, dont il a rejoint les plus grands mythes.

Gunbarrel Highway
Gunbarrel Highway

Dans la même région, la Gunbarrel Highway n’est rien de moins que le tracé originel de la Great Central Road. La Gunbarrel, ainsi nommée car elle se voulait aussi droite et rectiligne que le canon d’un pistolet, court sur plus de 800 km au nord en parallèle de la GCR et relie Wiluna à Warburton.

Supplantée par la Great Central Road, la Gunbarrel Highway a été laissée à l’abandon et la piste est donc à réserver aux aventuriers expérimentés et aux 4×4. La parcourir donne l’occasion de se pencher sur un autre personnage célèbre du folklore australien : Len Beadell. Cet incroyable géomètre s’est occupé personnellement d’établir la Gunbarrel avec des moyens minimes (un 4×4, un bulldozer, une demi-douzaine d’hommes) dans des conditions extrêmes d’isolation, de chaleur et parfois de famine.

Comme si cela ne lui avait pas suffi, il a continué son œuvre en créant de toutes pièces trois autres pistes tout aussi isolées que la première : Anne Beadell Highway qui relie Laverton (WA) à Coober Pedy (SA) via le Great Victoria Desert, Connie Sue Highway qui descend de Warburton jusqu’à Rawlina dans les plaines du Nullarbor, et Gary Highway qui dévie de la Gunbarrel en direction du nord. Ces noms vous paraissent bien personnels ? C’est normal, ces pistes portent les noms de sa femme, de sa fille et de son fils – l’outback, c’est aussi une histoire de famille !

Birdsville Track

Bien que Birdsville, ville d’arrivée de cette piste, se situe dans le Queensland, la Birdsville Track se déroule quant à elle principalement de l’autre côté de la frontière, dans le South Australia. La piste y débute à Marree, petit hameau au nord des Flinders Ranges, et chemine alors sur un peu plus de 500 km en direction du nord jusqu’au Queensland, à travers une région poétiquement connue sous le nom de Sturt’s Stony Desert (« le désert de pierre de Sturt ») : de quoi en décourager plus d’un !

La Birdsville Track tire son origine de l’histoire pastorale de la région : il s’agit en réalité du chemin emprunté par les « drovers », des cowboys australiens, pour amener le bétail du Queensland et du Northern Territory jusqu’aux chemins de fer du South Australia. Pour faciliter le trajet et permettre la survie du bétail, de nombreux puits (ou « bores ») ont été creusés le long de la piste, qui traverse l’une des zones les plus sèches et les plus arides de l’Australie.

birdsvilletrack
Birdsville track

Le « désert de cailloux » fut ainsi nommé par l’explorateur Charles Sturt, qui lors de sa tentative d’atteindre le centre du continent fit les frais de ce sol rocailleux abîmant les pieds de ses montures. Plus tard, ce sont les véhicules modernes qui sont partis à l’assaut de ce morceau d’outback, dont le camion postal d’un des facteurs les plus légendaires d’Australie, Tom Kruse, qui durant des années a affronté des conditions extrêmes pour livrer leur courrier aux habitants isolés de la région.

Aujourd’hui, un 4×4 reste nécessaire à la traversée de la Birdsville Track, à faire durant l’hiver (juin, juillet, août) lorsque les températures sont tolérables et non caniculaires. Notez que la Birdsville Track traverse Cooper Creek, rivière habituellement à sec mais néanmoins occasionnellement sujette à des crues spectaculaires… Pensez donc à vous renseigner sur la météo du moment !

Canning Stock Route

Le Western Australia est le plus grand état d’Australie et le moins densément peuplé. La Canning Stock Route traverse le centre désertique de l’état : elle va d’Halls Creek au nord-est jusqu’à Wiluna au sud-ouest. Entre les deux, 1800 km de rien. Aucune ville, mais trois déserts : le Great Sandy Desert, le Gibson Desert, et le Little Sandy Desert. De par sa longueur et son isolation, la Canning est une piste à réserver aux voyageurs expérimentés et parfaitement autonomes.

Tout comme la Birdsville Track, la Canning Stock Route était à l’origine un trajet emprunté par les « drovers » menant leur bétail depuis leurs propriétés isolées jusqu’aux centres de civilisation où ils pouvaient les vendre à bon prix. Mais la CSR dispose d’une particularité : c’est la plus longue route de migration du bétail au monde.

Canning stock road
Canning stock road

Pour suivre la Canning Stock Route, il vous faudra obtenir un permis auprès de l’Australian National Four Wheel Drive Council et vous arranger au préalable pour organiser des dépôts de carburant sur le chemin : entre Halls Creek et Wiluna, seule la minuscule communauté de Kunawarritji offre une modeste sélection de services (essence, nourriture, douche, camping). Au-delà, vous ne pourrez compter que sur vous-mêmes. Le dépôt de carburant (« fuel drop ») s’organise via la Capricorn Roadhouse de Newman.

Vous l’aurez compris, la Canning Stock Route est à réserver aux aventuriers voyageant dans des 4×4 bien équipés, ayant l’habitude des terrains difficiles et isolés où le moindre incident peut avoir de sérieuses conséquences.

Voyager sur les pistes de l’outback

Terminons par quelques conseils de prudence indispensables pour voyager sur les pistes de l’outback :

  • Planifiez votre voyage en récupérant un maximum d’informations, de préférence locales et récentes.
  • Choisissez une piste appropriée à votre niveau – n’allez pas vous lancer sur la Canning Stock Route si vous n’avez aucune expérience !
  • Voyagez en hiver (juin, juillet, août) quand les températures sont tolérables et les risques de déshydratation et de surchauffe moins élevés. Voyager durant cette « haute saison » signifie également un peu plus de trafic sur les pistes de l’outback, et donc davantage de chances que quelqu’un puisse vous venir en aide en cas de pépin.
  • Assurez-vous d’avoir un véhicule approprié (4×4) et en bon état – faites un check-up chez un mécanicien avant de partir.
  • Prenez toujours des réserves d’eau, de nourriture et de carburant supplémentaires, ainsi qu’un kit de premiers soins, roue de secours, outils et pièces détachées en cas de panne, sans oublier câbles et accessoires pour dégager votre véhicule s’il s’ensable ou s’embourbe.
  • Communiquez votre itinéraire à une personne de confiance (ou prévenez les postes de police au début et à la fin de votre parcours) afin que quelqu’un puisse alerter les secours si vous ne réapparaissez pas à la date prévue.
  • Investissez dans un EPIRB (balise de détresse), une radio et/ou un téléphone satellite pour plus de sécurité.
    En cas de panne ou d’accident, restez avec votre véhicule.

Nos articles