Mon job Australie : Travailler dans une roadhouse en plein Outback

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On imagine bien le héros d'un road movie s'installer au motel de la roadhouse pour la nuit
On imagine bien le héros d'un road movie s'installer au motel de la roadhouse pour la nuit

En road trip de Perth à Melbourne, je traverse la Eyre Highway, une très longue route passant par la plaine de Nullarbor qui compte plus de dingos que d’habitants. Au beau milieu du bush, je m’arrête à la roadhouse de Madura pour déjeuner et là, je suis surprise d’entendre le petit accent du serveur. Est-il français ou allemand ? J’hésite, puis j’engage la conversation avec Laurent, qui est en fait belge et travaille dans cette roadhouse complètement isolée du reste du pays depuis plusieurs semaines. Découvrez son expérience unique dans l’une de ces stations iconiques de l’Australie !

La roadhouse, un bon plan pour économiser

Avant de trouver ce job, j’ai envoyé tellement de mails, passé des tonnes de coups de fil et je me suis inscrit sur tous les sites de recherche d’emploi… J’avoue que je ne sais même plus comment j’ai fini par tomber sur cette annonce ! En tout cas, je cherchais un temps plein à Perth mais je ne trouvais que des heures par-ci par-là jusqu’à ce que je reçoive dans une même journée quatre réponses positives pour des jobs dans quatre roadhouses différentes. J’ai finalement choisi celle de Madura Oasis, car j’avais eu des réponses claires et un bon contact avec le manager.

Je voulais absolument économiser pour aller en Asie et une roadhouse est le plan parfait pour ça. Il n’y a rien, aucun loisir et aucune activité à faire donc rien à dépenser ! Les roadhouses sont en quelque sorte les aires d’autoroute australiennes, avec une station essence, une boutique vendant des snacks et des gadgets, parfois un restaurant et un motel. Sauf qu’il y a souvent plusieurs centaines de kilomètres de distance entre elles. C’est le cas pour la roadhouse dans laquelle je travaille, aux frontières de l’Australie occidentale et de l’Australie méridionale.

Les villes les plus proches sont Norseman, à 530 km à l’Ouest et Ceduna, à 670 km à l’Est ! L’isolement est total, à part les routiers de passage et le personnel de la roadhouse, personne ne vit ici. Je suis donc hébergé sur place, 100 dollars sont prélevés chaque semaine de mon salaire pour le logement et la nourriture donc je ne dépense absolument rien (mis à part quelques bières et parties de billard).

Je suis payé 20,46 dollars de l’heure en moyenne (16,37 la semaine, 24,55 le samedi et 32,74 le dimanche) et je travaille 42 heures par semaine, souvent 6 jours sur 7.

La plaine de Nullarbor, juste avant d'arriver à la roadhouse... La ville voisine est à plus de 500 km de là...
La plaine de Nullarbor, juste avant d’arriver à la roadhouse… La ville voisine est à plus de 500 km de là…

Cuisine, ménage, réception, service, il faut être partout !

Le travail en lui-même est assez varié, il faut vraiment être polyvalent vu que la roadhouse de Madura fait station essence, snack bar, restaurant, motel et caravan park. Je suis employé comme « allrounder », c’est-à-dire que j’exécute à peu près tout ce qu’on me demande de faire ! Je fais ce que les australiens appellent le « morning wait » et « l’afternoon wait » : soit je suis du matin et je bosse de 6h à 13h30, soit je suis du soir, entre 13h30 et 21h. Certaines semaines plus chargées, j’ai pu faire des heures sup et aider en cuisine, à faire la vaisselle ou servir au restaurant.

Quand je prends mon shift le matin, je me lève à 5h30 pour commencer à 6h, il faut être matinal… Le manager s’est déjà occupé d’ouvrir les portes de la roadhouse, d’allumer les lumières, etc. Je fais un petit tour dans la cuisine pour vérifier que le grill est chaud, qu’il y a du pain, du bacon, des œufs, de la salade et de la viande prêts à être cuisinés.

La nourriture dans une roadhouse est loin de celle d’un restaurant chic, c’est plutôt du style fast food, sandwicherie pour le snack bar surtout. On prépare par exemple des « pies » et des « sausage roll » à mettre au four. Après avoir vérifié que tout est en place pour le petit-déjeuner, je nettoie les tables du restaurant. Tout ça le plus rapidement possible, car de temps en temps il y a déjà des clients pour un café, un petit déj ou pour rendre la clé de la chambre.

J'ai appris à être le seul chef en cuisine :)
J’ai appris à être le seul chef en cuisine 🙂

En même temps que le bar, je dois aussi être présent à la réception pour accueillir les clients qui viennent récupérer leur caution pour la clé. Ensuite je dois nettoyer les toilettes, sortir les poubelles, passer la serpillère partout où il y a du carrelage et passer l’aspirateur dans le snack bar et dans le restaurant. On doit faire tout ça tant qu’il n’y a pas de clients tout au long du shift. Au début j’en ai bavé car il faut vraiment être partout !

Je dois aussi répondre au téléphone si le manager ne le fait pas ou s’il n’est pas là, et ce maudit téléphone n’arrête pas de sonner ! En plus quand on n’a pas un super niveau d’anglais et qu’on n’a pas encore pris l’habitude de l’accent australien, le dialogue est parfois difficile… Surtout avec des camionneurs par exemple qui parlent avec un accent de fou et ne font aucun effort pour se faire comprendre !

Dès qu’un client se présente, je dois être derrière le bar et prendre la commande. Ensuite je pars en cuisine car le matin il n’y a pas de chef, enfin si… C’est moi le chef ! Ça va j’arrive à me débrouiller car le matin ce n’est pas trop compliqué il faut préparer le petit déjeuner : toasts, bacon, œufs, saucisses, steaks, etc. J’aime cuisiner mais je n’étais jamais entré dans une cuisine « professionnelle » avant. J’ai dû apprendre l’organisation, où trouver ce dont j’ai besoin et aussi les mille et une façons de préparer des œufs !

Je me souviens de cinq clients venus pour un petit-déjeuner, qui ont commandé tous des choses différentes. Je devais faire des « fried eggs » soft et hard, des œufs pochés, des « scrambled eggs », des toasts de pain blanc et pain gris, des saucisses, du bacon, des « baked beans » et une salade. Alors là pour jongler avec toutes les cuissons c’était un vrai rodéo mais je m’en suis sorti et les clients sont plutôt satisfaits !

Après la cuisine, je file faire le service au snack bar
Après la cuisine, je file faire le service au snack bar

Seuls divertissements : un film sur mon ordi ou un billard avec les collègues

Puis au long de la journée, on commence à cuisiner des hamburgers, sandwichs, frites, et autres snacks fris. Le manager est là pour aider s’il y a trop de monde, mais la plus part du temps je dois courir entre la réception, la cuisine et le bar.

Au début j’ai eu quelques coups de stress ! Mais la pression redescend un peu quand on s’habitue aux différentes tâches, ça ne paraît pas aussi insurmontable. Je tiens à préciser que ce n’est pas partout comme ça, le motel n’est pas vraiment surbooké, à part en période de vacances. Quand je travaille le matin, après le shift, je vais directement dans ma chambre pour me reposer un peu. Il y a une piscine au motel donc quand il fait beau ou trop chaud (la température peut atteindre les 43°C), hop je peux faire un petit plongeon.

J’ai l’après-midi de libre et vers 18-19h je demande mon dîner à la cuisine, à manger sur place ou en « room service » si on veut ! Le menu change presque tous les jours et le chef vient de Nouvelle-Zélande, on mange très bien.

Comme il n’y a rien dans les environs, le soir je regarde un film ou de temps en temps on fait une partie de billard et on boit un verre avec les collègues. On est environ 8 personnes à travailler ici, ce sont tous des Australiens ou des Néo-Zélandais.

La manager engage quand même 1 ou 2 backpackers dans chaque roadhouse qu’il possède, je sais qu’il y a eu une Taïwanaise et un Français qui ont travaillé avant moi. Il y avait une bonne ambiance générale, mais la moyenne d’âge est assez élevée. Tout le monde a son petit quotidien, certains sont calmes et ne font que lire ou regarder la TV, d’autres boivent de l’alcool tout les jours et ça devient animé… C’est un peu Dallas dans l’outback !

Ma chambre au motel. Elle fait office de salle de loisirs/cinéma faute de mieux!
Ma chambre au motel. Elle fait office de salle de loisirs/cinéma faute de mieux!

« L’afternoon wait » commence à 13h30. C’est plus cool car le chef démarre en même temps donc en début d’après-midi je dois principalement prendre les commandes et servir au bar. À 16h le shift de la personne chargée du « servo » (station essence en argot australien) se termine, donc généralement le manager est présent.

Il me demande d’être disponible pour le bar et pour la station essence si besoin pour servir les clients. À 17h on prépare les menus pour le restaurant tout en gardant un œil sur la station service, en accueillant les nouveaux clients pour le motel ou le caravan park et en servant au bar. Je passe de la pompe à essence à la découpe des légumes puis au téléphone et à la réception, j’ai un peu l’impression de faire 10 jobs en même temps ! À l’heure du dîner, je m’occupe du service avec des collègues dans le snack bar ou dans le restaurant. En fin de journée, on fait le travail habituel de débarrasser, nettoyer et mettre en place la salle pour le prochain service.

J’ai quitté la Belgique dans le but de faire de nouvelles expériences de travail et d’apprendre des autres pour gagner en indépendance. Je veux améliorer mon anglais et faire des économies pour voyager. Ce job dans une roadhouse est un très bon moyen pour moi d’atteindre ces objectifs. J’ai pu économiser 11 000 dollars en 3 mois et 3 semaines après retrait des taxes et du prélèvement pour le logement et la nourriture. Pendant tout ce temps, je n’ai dépensé 50 dollars environ, pour quelques bières, la machine à laver et le billard, plutôt rentable ! Par contre comme ce n’est pas un travail agricole, même si j’ai bossé au milieu de nulle part ça ne compte pas pour le 2e visa vacances-travail… J’ai un compte en banque bien rempli mais il va quand même falloir que je travaille encore !

Prochain objectif : la Tasmanie pour travailler dans des fermes.

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3 Commentaires

  1. Bonjour,

    Je trouve cette expérience très enrichissante vu la polyvalence du métier. De plus, le côté économique vaut la peine d’être isolé. Je voudrais essayer de trouver un moyen d’avoir le même job et il me faudrait quelques informations supplémentaires.

    Les employeurs demandent-ils une expérience du poste?

    Y a-t-il un site répertoriant les roadhouses en australie?

    J’aimerais également savoir s’il y a du travail toute l’année en roadhouse et particulièrement à partir d’Avril.

    Merci d’avance !!

  2. Bonjour,

    Je trouve cette expérience très enrichissante vu la polyvalence du métier. De plus, le côté économique vaut la peine d’être isolé. Je voudrais essayer de trouver un moyen d’avoir le même job et il me faudrait quelques informations supplémentaires.

    Les employeurs demandent-ils une expérience du poste?

    Y a-t-il un site répertoriant les roadhouses en australie?

    J’aimerais également savoir s’il y a du travail toute l’année en roadhouse et particulièrement à partir d’Avril.

    Merci d’avance !!

  3. Bonjour,

    Je trouve cette expérience très enrichissante vu la polyvalence du métier. De plus, le côté économique vaut la peine d’être isolé. Je voudrais essayer de trouver un moyen d’avoir le même job et il me faudrait quelques informations supplémentaires.

    Les employeurs demandent-ils une expérience du poste?

    Y a-t-il un site répertoriant les roadhouses en australie?

    J’aimerais également savoir s’il y a du travail toute l’année en roadhouse et particulièrement à partir d’Avril.

    Merci d’avance !!