J’ai nagé avec les lions de mer !

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Le lion de mer m’approche, l’air curieux. Il colle son museau moustachu tout contre mon masque et dans l’apesanteur aquatique de l’océan, on se tient un instant ainsi, nez à nez, yeux dans les yeux. Je tends la main, lui flatte délicatement le menton. Sa fourrure est douce. Au-dessus de nous, la surface de l’eau est moirée d’argent. Un instant de plus et on se sépare, pour revenir à l’air libre, remplir nos poumons.

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L’aventure a commencé en début de matinée : il n’est pas tout à fait 9 heures quand je débarque à Baird Bay, hameau endormi situé sur les rives de la baie du même nom. La route en terre qui mène jusqu’ici se prolonge en la seule rue du village, qui n’est rien de plus qu’un minuscule rassemblement de maisons. Ici, il n’y a rien, pas même un magasin. Les infrastructures se limitent à un site de camping et un téléphone public – bien obligé puisque les portables sont hors couverture réseau. Pourtant, une mince congrégation de nationalités converge vers la plage : belges, allemands, australiens, française. Nous sommes tous venus jusqu’ici pour une même raison : à Baird Bay, nous allons nager avec les lions de mer, libres et sauvages dans leur milieu naturel.

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Baird Bay Ocean Eco Experience a son centre sur le rivage, par-delà la fin de la route. La petite entreprise est familiale, l’ambiance calme et amicale : opérateurs et clients discutent, plaisantent, échangent quelques sourires détendus. Cela fait plus de 18 ans qu’Alan et Patricia Payne proposent des tours organisés à petite échelle de la colonie de lions de mer qui habite un recoin reculé de la baie. Le principe est simple : Alan et son skipper pilotent un petit bateau à moteur, fournissent combinaisons, masques et tubas, puis emmènent leurs clients jusqu’à la colonie de lions de mer. Pour le reste, c’est à nous, et à vous, de jouer !

La modeste capacité du bateau, qui ne peut accueillir qu’une quinzaine de personnes au plus, assure un tour relax et personnel, une atmosphère bon enfant. À bord, deux jeunes parents ont emmené leur fils de 2 ans et l’on s’amuse tous de ses drôles de mimiques. À peine 5-10 minutes après avoir levé l’ancre, les premiers dauphins sont repérés : des ailerons arrondis qui percent en rythme la surface des vagues. « Qui veut nager avec les dauphins ? » Mais tout le monde, mon capitaine ! Masque au visage, tuba en bouche, on se laisse glisser dans l’eau fraîche de la baie : aujourd’hui, la température de l’eau est aux alentours de 17°. Même en plein cœur de l’été, elle ne s’élève jamais au-delà de 19° à 20°. Nous sommes dans le Southern Ocean et rien ne nous sépare de l’Antarctique.

Ces considérations, pourtant, personne n’en a cure : au fond de l’eau, un tapis d’algues qui ondoie dans le courant. Un dauphin se matérialise, s’approche, se glisse juste en dessous de moi, me dépasse, regarde en arrière avec curiosité. Quatre ou cinq de ces adorables cétacés nagent autour de nous, viennent nous observer, s’éloignent puis retournent nous voir avant de finalement reprendre pour de bon leur route, laissant les humains remonter à bord du bateau après ce premier goût d’aventure animalière. La matinée ne fait que commencer : le cap est maintenant mis sur la colonie de lions de mer.

Dauphins

Le bateau à fond plat passe en douceur les récifs qui effleurent la surface et s’amarre au cœur d’une piscine naturelle au fond recouvert de sable. Dans l’eau et sur la rive, des lions de mer font quelques brasses ou se la coulent douce sous le soleil. Des oiseaux marins complètent le tableau – sternes, cormorans, huîtriers, nichant en nombre sur les récifs et les rocs de la côte. Une fois de plus, on se glisse à l’eau, en douceur. Peu à peu, des lions de mer apparaissent. Ils sont sauvages : ni dressés, ni domestiqués, ni même nourris. Ils sont simplement libres. De leur propre volonté, ils s’approchent.

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Un adulte se glisse jusqu’à moi, se propulse d’un coup de nageoire et se tourne sur le côté pour mieux me regarder de ses grands yeux ronds tandis qu’il me dépasse sans peine. Un lion de mer deux fois plus petit que les autres, tout jeune, fonce à droite à gauche dans un nuage de bulles d’air, plein de fougue et de malice, avec toute la vitesse d’une torpille. Un mâle énorme, une masse de plus de 250 kilos, se laisse aller placidement au fond de l’eau. Jeu de contrastes. Au fil de la rencontre, nous sommes plusieurs à connaître le doux privilège de ce bisou d’esquimau, ce salut nez à nez offert en toute innocence par nos amis les lions de mer.

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Amitié. Est-elle possible entre nos deux races, si différentes ? Oui, c’est l’impression que laisse notre rencontre, qui s’étire jusqu’à ce que nous soyons tous « forcés » de nous résoudre à quitter l’océan, dont le froid nous gagne peu à peu, nous ayant à l’usure. Le skipper passe à la ronde des tasses de chocolat chaud et quelques biscuits. Alan, main à la barre, répond aux questions de chacun, explique la différence entre lion de mer et phoque : le lion de mer est un proche cousin des otaries. Comme elles, et contrairement aux phoques, il dispose d’oreilles et peut se redresser sur ses nageoires pour « marcher ». On ne dénombre que 12.000 des lions de mer australiens avec lesquels nous avons eu le plaisir de nager et ils sont bien heureusement protégés. Alan est l’un de ceux qui se battent pour faire de Baird Bay un parc marin, l’équivalent aquatique des parcs nationaux terrestres, afin d’assurer l’avenir de cet environnement et de la faune qui l’habite. Une cause à laquelle, il le sait bien, chaque personne qui vient nager ici se joindra de tout cœur.

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Le bateau remet le cap vers le centre. Les silhouettes joueuses des lions de mer s’éloignent, l’eau défile. À Baird Bay, j’ai l’impression d’avoir trouvé une sensation rare, celle d’un équilibre préservé où les animaux sauvages ne souffrent ni d’exploitation ni de ségrégation. Ici, l’interaction entre eux et nous est rendue possible, tout naturellement : dans un calme émerveillant, une curiosité innocente et réciproque, un sentiment d’appréciation et de respect ressentis comme mutuels. Dans ces eaux limpides, l’espace d’un instant, se dessine la vision d’une idylle ordinairement insaisissable.
Et toi, quand viendras-tu nager avec les lions de mer ?

Nager avec les lions de mer : Pratique Corner

Baird Bay se trouve à 700 km à l’ouest d’Adelaide. Suivez la A1 à travers Port Wakefield et Port Augusta, continuez le long de la Eyre Highway jusqu’à Minnipa, où vous devrez bifurquer vers Streaky Bay. Une fois rendu à Streaky Bay, suivez la Flinders Highway vers le sud, puis à droite sur Calca Road et à gauche sur Baird Bay Road.
Streaky Bay est la ville la plus proche, située à environ 60 km au nord de Baird Bay. Rappelez-vous : il n’y a aucun magasin à Baird Bay ! Pensez donc à faire vos courses et votre plein à Streaky Bay, qui dispose de supérettes, station essence et autres boutiques diverses et variées.

Baird Bay Ocean Eco Experience vous emmènera nager avec les lions de mer (ainsi qu’avec les dauphins au passage si vous avez la chance de les croiser) pour $150/personne. Le tour dure 3 à 4 heures et a lieu quotidiennement de septembre à mai. Le bateau part à 9h30, mais on vous demandera d’arriver une demi-heure à l’avance afin d’organiser le paiement (par cash ou carte bancaire) et les combinaisons de plongée pour tout le monde. Réservez à l’avance, ou vous n’aurez peut-être pas de place !

Vous pouvez passer la nuit sur le site de « bush camping » à l’entrée de Baird Bay.
Alternativement, si vous vous sentez d’humeur à faire des folies, les opérateurs du tour proposent également l’hébergement dans une maison avec cuisine, 3 chambres et salle de bain pour $70/personne. L’hébergement accueille un minimum de 2 personnes, et un maximum de 15.

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5 Commentaires

  1. Ah, ça me rappelle de bons souvenirs, c’est bien que tu aies pu immortaliser cette belle rencontre en photo 🙂

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