Shark Bay et son incroyable patrimoine écologique

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Shark Bay
Shark Bay

À 800 km au nord de Perth, le site de Shark Bay réunit au même endroit une richesse écologique unique en Australie. Dans son parc marin aux trois niveaux de salinité, vit une faune abondante, composée de dugongs, d’orques et de requins-baleines. Longeant les deux péninsules, le François Péron National Park est le lieu d’un des plus ambitieux projets australiens de redéveloppement de l’écosystème. Quant au site de Hamelin Pool, il abrite la plus grande concentration au monde de stromatolithes, la première forme animale apparue sur Terre.

Stromatolites

Shark Bay : des bactéries évoluées, une eau hypersaline et des vaches de mer

En 1991, l’Unesco reconnaissait Shark Bay au Patrimoine mondial pour ses merveilles naturelles. Pour l’Australie-Occidentale, seul le Purnululu National Park et ses Bungle Bungle accompagnent Shark Bay au classement de l’Unesco. L’organisme culturel reconnaît en effet dans plus de 150 pays 884 sites comme World Heritage Area, 704 étant classés pour leurs vertus culturelles, 180 pour leurs beautés naturelles et 27 combinant les deux catégories. Intégrant les 16 sites australiens, Shark Bay applique ainsi à la lettre les quatre critères de l’Unesco : beauté naturelle, évolution, histoire de la terre et espèces menacées.

« Le site doit représenter des phénomènes naturels ou des aires naturelles d’une importance esthétique exceptionnelle. » La route qui mène de l’Highway à Denham est une succession de côtes vierges avec plages de sable blanc, eau turquoise, etc. Les voitures et les touristes sont rares. Shell Beach est constituée uniquement de coquillages, par endroits accumulés sur 10 m d’épaisseur. Enfin, la principale ville, Denham, a comme un doux parfum de station balnéaire du sud de l’Europe.

« Le site doit contenir des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution, dans le développement des écosystèmes, des communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins. » Shark Bay aime cumuler les exceptions mondiales. Le Wooramel Seegrass Bank est le plus grand banc d’algues jointes au monde. Quant à ses eaux de mers hypersalines, phénomène rarissime, elles ont favorisées la croissance des stromatolithes.

Stromatolites

Le site de Hamelin Pool ressemblerait à notre planète avant même l’apparition des mammifères, des oiseaux et des dinosaures.

« Le site doit contenir des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification. »

Ils ressemblent à de simples rochers. On ne saurait dire s’ils sont vivants ou morts. À vrai dire, si des panneaux informatifs ne jalonnaient pas le ponton en bois suspendu de Hamelin Pool, nous n’aurions pas l’idée d’être en présence de la plus grande réunion de stromatolithes au monde. Formées à partir de bactéries vieilles de 3,5 milliards d’années, les stromatolithes sont le résultat d’une longue évolution qui donna lieu, il y a 650 millions d’années, à ces formes de biosédiments, premières vies animales sur Terre. Si les stromatolithes de Shark Bay sont âgés de moins de 2 000 ans – le plus vieux encore vivant aurait même à peine plus d’un millénaire – le site de Hamelin Pool ressemblerait à notre planète avant même l’apparition des mammifères, des oiseaux et des dinosaures.

« Le site doit contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation. » Au cœur du parc marin de Shark Bay, cohabitent 323 espèces de poissons, 80 de coraux et 7 mammifères marins.

Shark Bay

Au large du site, dans les eaux claires de l’Océan Indien, sont aperçus régulièrement des espèces aussi rares que le requin-baleine, le dugong (« vache de mer ») ou la baleine à bosse. Sur la plage de Monkey Mia, l’attraction touristique consiste à nourrir les dauphins souffleurs, visiteurs quotidiens de la côte. Quant au François Péron National Park, il est depuis 1991 ­­au cœur du projet Eden, qui consiste à réintroduire des espèces endémiques disparues.

Shark Bay : le premier contact, une faune unique et trois langues

Il y a 30 000 ans, les premiers Aborigènes arrivent à Shark Bay. Ils se distinguent par trois groupes de langage : les Yingkarta, les Malgana et les Nhanda. En 1616, un navigateur hollandais, Dirk Hartog, échoue sur une île de Shark Bay qui portera son nom. Il sera le premier contact de l’histoire australienne entre les Blancs et les Aborigènes.

À Denham, dans le Shark Bay World Heritage Discovery Centre, une gravure du Hollandais est conservée comme patrimoine. En 1699, William Dampier, explorateur anglais, est le premier à visiter les côtes du site et déclare alors : « Les poissons que nous avons vus sont principalement des requins. Ils sont en telle abondance ici que je donne comme nom à cette place Shark Bay. »

Au XIXe siècle, des naturalistes français, François Péron, Nicolas Baudin, Charles Lesueur puis Louis de Freycinet, font découvrir au monde, c’est-à-dire à l’époque l’Europe, les merveilles naturelles de Shark Bay, notamment à travers sa faune unique et endémique.

À propos du géographe Lesueur, l’écrivain anglais James Herriot déclarera : « C’est plus que de l’art. Avec Lesueur, Le Havre nous a peut-être donné notre plus grand poète de la mer ». Pendant presque 300 ans, explorateurs Anglais ou Hollandais et scientifiques français prendront successivement possession des lieux, au nom d’une nation, d’un émerveillement naturel ou d’un simple esprit d’aventure.

Au XXe siècle, travailleurs en provenance d’Asie et évolutions industrielles amèneront à Shark Bay la reconnaissance internationale et touristique.

Shark Bay : un futur paradis, des bilbies et une barrière d’espoir

En 1801, lorsque Nicolas Baudin et François Péron débarquent à Shark Bay, 23 espèces de mammifères sont recensées. En 1991, au moment où Shark Bay est distinguée au Patrimoine mondial, moins de la moitié de ces espèces sont encore présentes.

L’introduction d’animaux féraux (espèces domestiques retournées à la vie sauvage) par les colons pendant deux siècles (renards, lapins, chats, chèvres, etc.) ont menacé et anéanti des milliers d’animaux endémiques. La prise de conscience de cette tragédie écologique donne alors naissance à un projet au nom salvateur : Eden.

Shark Bay
Un Bilby, un représentant de la faune de Shark Bay

L’ambition d’Eden : réduire les animaux féraux et réintroduire les espèces animales et végétales menacées ou disparues. La géographie de Shark Bay aide : la péninsule de Péron, un isthme de 75 km de long, a permis la mise en place d’une barrière afin d’isoler les animaux nuisibles au redéveloppement. De plus, des milliers de prédateurs ont été éliminés grâce à la traque et à l’intromission de poisons.

Au cœur d’un pays aride à la nature hostile, Shark Bay possède la prétention de devenir une base scientifique unique en Australie.

Requin Baleine dans les eaux de Shark Bay

Le projet Eden a d’ores et déjà réintroduit des espèces disparues : les bilbies (souris à oreilles de lapins qui ressemblent à des personnages de dessins animées), les woylies (souris marsupiales) et les malleefowl (proche du perdrix). Les membres du Department of Environment and Conservation tentent d’améliorer les conditions naturelles afin de réintroduire également les bandicoots et des espèces rares de wallabies (petits marsupiaux). Sur Dirk Hartog Island, un des volets du projet est l’éradication à court terme des chats sauvages, afin que les espèces menacées aient un nouveau refuge pour se développer.

Au cœur d’un pays aride à la nature hostile, Shark Bay possède la prétention de devenir une base scientifique unique en Australie. Celle d’une accumulation de connaissances autour du développement d’espèces endémiques en l’absence de menaces prédatrices. Celle qui démontrerait que l’Homme, dans une prise de conscience écologique récente, peut être autant le rédempteur que le destructeur de la nature.

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