Mon job Australie : Voyageuses en quête de petits boulots !

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Kelly d'Avignon (à gauche) et Kelly de Marseille (à droite) avec leur équipe de cowboys de choc
Kelly d'Avignon (à gauche) et Kelly de Marseille (à droite) avec leur équipe de cowboys de choc

Plusieurs français fraichement débarqués en Australie m’ont confié avoir du mal à décrocher un job, que ce soit à cause de leur anglais pas très au point, de la concurrence avec les autres backpackers ou de leur manque d’expérience. J’ai rencontré Kelly et Kelly (ça ne s’invente pas!) qui voyagent en binôme depuis près d’un an et demi en Australie. Elles ont connu des hauts et des bas, passant de la tournée des poubelles de supermarchés pour se nourrir quand leur compte en banque frôlait le zéro, à un salaire de 260 dollars par jour. Elles se sont toujours démenées pour trouver des jobs et ça a payé, elles ont un nombre impressionnant d’expériences au pays des kangourous. Elles ont bien voulu s’improviser consultantes en recherche d’emploi et me raconter leur parcours. Partagez les conseils de deux voyageuses en Australie.

Quels jobs avez-vous fait en Australie ?

Kelly (d’Avignon) :

On a commencé à bosser dans une boîte de nuit, moi en tant que barmaid et Kelly pour faire la plonge et ramasser les verres. Ça n’existe pas vraiment en France mais ici ils emploient des gens pour faire le tour des tables et récupérer les verres vides posés un peu partout. Dans le Queensland, on a cueilli des mandarines puis on est parties dans le Territoire du Nord récolter des pastèques.

On a nettoyé des chaises, fait des livraisons, des lessives, monté des chapiteaux pour des événements à Katherine,dans le Territoire du Nord.Le soir, on faisait aussi des extras comme serveuse et plongeuse dans un restaurant. On a fait les vendanges et du greffage de pommiers en Tasmanie. Notre boulot le plus long était de l’élevage dans une grande ferme de bœufs en plein outback. La liste est assez longue parce qu’on était prêtes à faire tout type de boulot, du moment qu’on pouvait économiser de l’argent.

Vous avez fait vraiment pas mal de jobs et eu des expériences très variées. Quelles sont vos méthodes de recherche ?

On y va pas mal à la tchatche et au culot. On a passé des centaines de coups de fils aussi! On tente de contacter les employeurs directement, en passant dans les restaurants ou dans les fermes et en nous présentant. Le contact direct c’est toujours ce qu’il y a de mieux. On en a fait des kilomètres pour visiter des fermes… Au moins, ils pouvaient voir qu’on en voulait, qu’on était motivées.

On essaie d’êtres malignes et de trouver les numéros de téléphone des fermes par tous les moyens ! On passait par exemple par le site Internet Manta.com qui est un annuaire des commerces partout dans le monde et on trouvait pas mal de coordonnées comme ça. Il ne faut pas hésiter à se bouger et ne pas se décourager après 3, 4 ou même 20 appels qui ont abouti à des refus.

Pour trouver notre job dans une ferme de bétail on a passé pas moins d’une centaine d’appels ! On ne s’est pas démotivées puis, suite à un énième appel, les fermiers nous ont invitées à prendre le petit-déjeuner le lendemain matin et on a fixé une date pour commencer le travail. On a eu un super contact avec cette équipe donc on s’apprête à retourner travailler pour eux dans une autre ferme cette année.

Ils avaient beaucoup apprécié notre travail et quand on a décidé de les rappeler pour demander si on pouvait revenir ils ont immédiatement dit oui. On a travaillé environ 5 mois près de Katherine et on a fini par créer un bon réseau là-bas. Une fois qu’on a décroché quelques petits boulots – et si on fait bien son travail évidemment – on se fait recommander et trouver du travail devient beaucoup plus facile. On conseille vraiment de faire marcher son réseau, en Australie c’est très répandu de passer par des connaissances pour embaucher des backpackers, surtout dans les fermes.

Prête pour un gros travail sur une toute petite machine!
Prête pour un gros travail sur une toute petite machine!

La langue a-t-elle été une barrière dans votre recherche d’emploi ?

Kelly (de Marseille) :

Pour moi, ne pas parler anglais a été une barrière immense car je suis déjà timide à la base. Pour démarcher les employeurs j’étais donc complètement bloquée par mon niveau insuffisant. Heureusement Kelly avait un meilleur niveau et c’est elle qui passait les coups de fil. J’ai pu énormément progresser quand on travaillait sur la « cattle station » (Kelly le confirme!).

Comme on ne vivait qu’avec des Australiens au début c’était très frustrant, je ne comprenais rien, je ne pouvais pas rigoler aux blagues… Même si j’avais des idées et des solutions pour améliorer le travail, je ne pouvais pas les exprimer, c’était très dur. Mais là j’ai revu un ami Australien qu’on s’était fait à l’époque et j’ai halluciné, je comprenais tout ce qu’il me disait et je pouvais même faire des blagues en anglais ! Je conseille l’immersion avec des Australiens, ce n’est pas la solution de facilité mais c’est radical pour progresser en anglais et comprendre l’accent Aussie.

À quel moment vous-êtes vous décidées à passer une seconde année en Australie pour travailler et pourquoi ?

On est arrivées en janvier 2013 en Australie et on était vraiment parties à l’arrache. On avait près de 1000 euros de côté chacune et aucun plan particulier. Même si ça n’a pas toujours été facile, notamment financièrement, on a fait nos 88 jours de travail en ferme au cas où.

Juste avant de rentrer en France, on s’est dit qu’on avait fait beaucoup de choses mais qu’encore plus de belles expériences nous attendaient donc on a décidé de revenir. Pour la deuxième année de visa vacances travail, notre objectif est de travailler au maximum pour gagner le plus possible. J’ai pour projet d’acheter un camping et Kelly (d’Avignon) aimerait continuer à voyager et acheter un voilier en Nouvelle-Calédonie.

Quels conseils donneriez-vous à un Français qui vient de démarrer son visa vacances travail en Australie ?

Kelly (de Marseille) :

On conseille de ne surtout pas se décourager dans la recherche d’emploi, d’être travailleur et d’être honnête parce que ça paye. Nous on a toujours fait notre travail le plus consciencieusement possible sans profiter de la confiance que nos employeurs nous accordaient.

Pendant notre voyage on a vu des français qui étaient payés a l’heure et du coup ne faisaient pas grand chose comme il n’y avait pas l’enjeu du rendement. Ou d’autres qui tenaient des caisses et se mettaient de l’argent dans les chaussettes quand personne ne surveillait. Nous, même quand on a galéré, on est restées honnêtes et maintenant on n’a pas de mal à trouver un job parmi les anciens employeurs qui nous ont apprécié. Quand on a greffé les pommiers en Tasmanie, on touchait 35 cents pour chaque pied greffé, à diviser par deux. En une quinzaine de jours on a greffé 18 000 arbres en travaillant comme des folles.

On était au bout du rouleau physiquement mais on a gagné en moyenne 200 dollars par jour chacune. Et la ferme nous a même proposé de nous sponsoriser si on voulait revenir bosser pour eux.

Motivées pour greffer des milliers de pommiers!
Motivées pour greffer des milliers de pommiers!

Kelly (d’Avignon) :

Il faut aussi avoir une mentalité ouverte, s’adapter au pays et aller à la rencontre des Australiens. Essayer de ne pas rester entre Français. C’est important non seulement parce que c’est super intéressant d’échanger avec les locaux mais aussi pour créer des contacts qui peuvent être utiles pour la recherche d’emploi.

Quelles sont vos meilleures et vos pires expériences ?

Tous les jobs qu’on a faits nous ont appris quelque chose. Pour moi (Kelly d’Avignon), le pire a été la cueillette de fruits. J’ai une phobie des araignées et c’est l’angoisse à chaque fois que je dois monter l’échelle pour mettre la tête dans un arbre ! Pour toutes les deux, la meilleure expérience a été celle de la ferme de bétail, même si ça a été le boulot le plus difficile.

La première ville était à quatre heures de route de la ferme, le mode de vie très éloigné de ce qu’on connaissait, la nourriture était la même matin, midi et soir pendant un mois et demi mais on a adoré. En plus à ce moment là nous n’avions plus que 10 dollars sur le compte en banque, on survivait en se nourrissant de nouilles instantanées et en faisant les poubelles des supermarchés. On a passé une centaine de coups de téléphone et quand cette ferme nous a dit que c’était bon, on l’a pris comme un cadeau du ciel. Suite à ça tout s’est enchaîné, on a fait de belles rencontres et notre travail était valorisé, ce qui n’était pas le cas partout.

Dîner avec notre super famille australienne dans l'outback
Dîner avec notre super famille australienne dans l’outback

Kelly de Marseille :

J’ai trouvé cette expérience unique parce qu’on a vécu la vie des cowboys australiens, c’est une chance incroyable de faire quelque chose que l’on n’aurait jamais eu l’occasion de faire en France. L’Australie était mon premier voyage à l’étranger et ce qui m’a le plus plu dans ce pays c’est la vie et les paysages typiques de l’outback. Tout était tellement différent de ce que j’ai connu jusque là… On était bien loin des calanques de Marseille!

Le travail était difficile, on roulait des kilomètres pour aller aux quatre coins de cette immense ferme, on bossait dans la poussière toute la journée, on passait des heures à réparer les barrières des enclos, on en était super fières et le lendemain on revenait pour voir que les vaches avaient tout détruit… Mais les rencontres qu’on a fait et les liens qu’on a tissé resteront gravés à vie.

On vivait seulement avec des Australiens, dont des aborigènes, qui ont partagé avec nous leurs histoires et leur connaissance du pays. Un aborigène nous a par exemple montré comment se nourrir avec les plantes et les fruits du bush et je lui ai appris à jouer de la guitare.

Les deux Kelly :

Ce job a vraiment donné une nouvelle dimension à notre voyage. On a échangé et appris énormément, on a même pleuré avec notre employeur au moment du départ. Et c’est grâce à cet emploi qu’on a pu économiser assez pour voyager et visiter l’Australie.

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10 Commentaires

  1. Ok…mais ca revient a dire que oui…on peut debouler avec 1000$ de cote, que ca reste fun, des fois c est dur mais qu est ce qu on se marre…. ce discours est dangereux, enfin je suis ravi pour les demoiselles qui ont du en baver a lire la liste des jobs mais c est a prendre avec des pincettes !

  2. enfin un peu plus loin on lit aussi :
    « En plus à ce moment là on n’avait plus que 10 dollars sur le compte en banque, on survivait en se nourrissant de nouilles instantanées et en faisant les poubelles des supermarchés. »

    C’est pas vraiment ce qui donne envie de partir avec très peu d’argent de côté ! 😀

  3. Ça montre un côté un petit peu plus cru du voyage mais dans ce qu’elles racontent, leur voyage est puissant d’émotions, de rencontres, de galères et de moment de bonheur !
    Je pars dans 15 jours avec 1000E aussi, mais tout seul (pour l’instant) !
    Après tout, faire les poubelles, c’est pas dérangeant, au contraire, on évite le gâchis 😉
    mais c’est vrai que c’est bien quand ça ne dure qu’un temps.
    Let’s Wait & see !

  4. Ça montre bien que même en étant débrouillard on arrive à galérer quand on part avec un budget minuscule !

    @Risbo : Peu de monde y arrive avec 1000 Dollars en poche, c’est dommage de gâcher une si belle aventure en ne prévoyant pas un budget correct surtout quand on voit le prix du billet …

    Un conseil au moins , ne reste pas en ville ! ^^

  5. 1000E, ça fait un peu plus ^^ ça fait pas bezef quand même.
    Mon objectif de toute manière est tout vu, ça n’a jamais été de rester en ville !
    Je vais aller chercher du boulot dans les vignes, ayant été formé dans le bordelais il y a moyen de vendre ses compétences !
    Je ne pense pas gâcher mon voyage de cette manière, j’ai souvent voyagé un peu sur la corde raide, et ça créé une autre perspective 🙂

  6. bonjour a tous,

    je n’ai pas eu l’impression d’avoir gâchée mon voyage mais au contraire je l’ai réussit!on a vécu une expérience inoubliable et pour rien au monde je ne reviendrait en arrière.je suis d’accord si vous avez les moyens de partir avec plus d’argent c’est encore le mieux mais parfois on a pas tous es mêmes facilitées 🙂 .le but justement de l’article ,contrairement a tous se qu’on peut lire ,je pense que c’est aussi de montré que l’Australie ce n’est pas « l’eldorado » comme beaucoup le prétend mais c’est un voyage auquel il faut aussi si préparer. Pour répondre á Cédric , réfléchit y différemment,manger dans les poubelles et autres galères permet de garder les pieds sur terre et d’ouvrir encore plus ton état d’esprit.Apres a chacun son voyage et ses objectifs.
    Bon courage a ce qui vont se lancer dans l’aventure ,vous reviendrais complètement changés!

  7. Merci pour cet article qui montre aussi les facettes « galère » de l’expatriation : barrière de la langue, difficulté à trouver du travail, nécessité absolue d’être ouverts et de ne pas hésiter à mettre les mains dans la …
    Je vois beaucoup de commentaires de personnes partant « à l’aventure » en étant persuadées qu’elles trouveront un taf en un claquement de doigts tout en étant hyper bien payées et sans parler anglais « correctement » (j’entends par là, savoir discuter un minimum dans la langue sans pour autant être capable de tenir une conversation complexe).
    Certes, la chance peut faire qu’on tombe sur LE job génial dès le début, mais le meilleur moyen est quand même la débrouillardise et le culot !
    Et évidemment, le respect. J’ai lu pas mal d’articles qui faisaient état de la mauvaise réputation des français en Australie. Du coup j’imagine que beaucoup de patrons sont un peu frileux quand ils voient débarquer des backpackers chez eux.
    C’est en cela que cet article montre qu’en restant corrects et en n’hésitant pas à saisir n’importe quelle opportunité, on peut y arriver.

  8. Bonjour aux 2 kelly!(et aux autres biensur!) Très beau témoignage de votre part et quelle débrouillardise chapeau! 😉 Les jobs dans les fermes a du être éprouvant mais surement riches en souvenirs! Je débarque de France à Melbourne le 08 Avril au matin. Je sais qu’il est très difficile de trouver du boulot en ville même. Vos expériences « campagnardes » me donnent envie! Donc si vous avez des tuyaux (et surtout un petit moment à m’accorder) n’hésitez pas à m’écrire (en mess privé ou autre ;-))

    PS: mon père étant éleveur cela peut-il être un « coup de pouce »?

    Cheers!

    Manu

  9. hi !

    Merci encore pour votre partage d’expérience ! c’est vraiment extraordinaire de partir à l’aventure à deux !

    J’aimerais savoir si vous avez encore des contacts avec la ferme qui était prête à vous sponsorisé lorsque vous greffier les arbres ?
    Je souhaiterais rester en Australie, pour cela je suis à la recherche d’un sponsor.
    Je n’ai pas encore fini toutes mes recherches mais si je n’ai rien trouvé, se serait super d’avoir cette solution de secours.
    Je suis actuellement fille au pair et fini ma mission en juillet.

    Merci par avance.

    Bonne continuation

    marion