Le nord des Grampians, entre sites aborigènes et randonnées

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Le nord des Grampians

« Mais que sont donc les Grampians ? », me diront ceux d’entre vous qui n’ont pas encore eu la chance de mettre les pieds en Australie. Il s’agit tout simplement d’un massif montagneux dont les modestes proportions à l’échelle européenne (l’altitude maximale est de 1 167 m, la plupart des pics sont bien en dessous) n’en sont pas moins impressionnantes à l’échelle australienne, a fortiori dans une région aussi plate que l’ouest du Victoria. Découvrons une partie moins connue du célèbre parc, Le Nord des Grampians.

Les Grampians (« Gariwerd », de leur nom aborigène), c’est également l’un des parcs nationaux les plus célèbres de l’État avec Wilsons Promontory et la Great Ocean Road, ce qui en fait donc l’une des attractions touristiques incontournables du Victoria. Mais si le trafic des visiteurs se concentre surtout autour d’Halls Gap, le centre névralgique du parc, j’ai pour ma part choisi de vous emmener faire un petit tour dans une partie moins bien connue : le nord des Grampians.

À Troopers Creek, modeste site de camping au cœur de la forêt, débute la randonnée vers le Mount Difficult. Si ce nom peut sembler peu encourageant, il faut le mesurer à l’échelle des patronymes australiens, où bien des pics ont été baptisés par des colons européens désespérés : Mount Agony, Mount Hopeless ou encore Mount Despair sont d’autres sommets du pays, et en comparaison, vous en conviendrez, Mount Difficult est une appellation pour le moins chaleureuse. Pour les aborigènes, ce sommet est tout simplement Mount Gar.

Le nord des Grampians

Au réveil à Troopers Creek, j’ai à peine posé le pied au sol pour m’extirper de ma voiture-dortoir que mes yeux myopes et embués reconnaissent les formes de trois kangourous qui broutent à moins de 5 m de là. L’un d’eux est une femelle et la tête d’un petit joey (le nom des bébés marsupiaux) dépasse de sa poche ventrale. Ils me regardent placidement, et nous retournons chacun de notre côté à nos activités de petit-déjeuner.

À travers les arbres, je distingue la silhouette des remparts de roc de la chaîne au pied de laquelle je campe. Dans le ciel, quelques nuages rosés et cotonneux. Aux branches, une flopée de cacatoès qui, dans un raffut de tous les diables, sonnent le réveil du bush de leur voix rauque et discordante. Il est temps d’attaquer la journée.

Le sentier s’enfonce dans la forêt et rejoint très vite les formations rocheuses boursouflées qui font la renommée des Grampians. Hiver oblige, le ciel est couvert, la végétation extrêmement verte. Quelques fleurs sauvages s’attardent encore de-ci de-là, des grappes de clochettes roses qui égaient le sous-bois, de même que le lichen orangé qui recouvre le tronc des casuarinas.

Le chemin d’abord aisé devient progressivement de plus en plus raide, et bientôt je m’en donne à cœur joie sur ce qui fait tout le bonheur d’une randonnée à Gariwerd : le rock scrambling. Cette expression qu’on pourrait traduire par « crapahutage » s’applique aux passages où le chemin s’efface pour laisser place à la roche et où il faut s’aider des mains pour passer. Il ne s’agit toutefois pas d’escalade – aucune expérience n’est nécessaire, seulement peut-être un esprit d’enfant.

Le nord des Grampians

Je découvre mes premières vues sur les vallées boisées environnantes et sur le reste des chaînes. Au pied du Mt Gar se trouve un petit coin de « bush camping » (traduisez : vous avez le droit de camper, mais il n’y a aucune infrastructure), à peine à 10 min du sommet lui-même.

Il doit être doux d’y passer la nuit pour assister au spectacle du coucher et du lever de soleil depuis le pic. Car ce dernier, marqué d’un trig et d’un gros cairn (tas de cailloux), offre des vues à 360° sur l’ensemble de la région, ainsi que sur la masse bleue du Wartook Reservoir, un lac artificiel au creux des montagnes.

Au loin, je distingue un voile de pluie sur l’horizon, tandis que des nuages gris et légers s’accrochent à d’autres sommets voisins. Mais le soleil brille également à travers ce temps changeant, et sa lumière joue sur les citadelles de roc, offrant un spectacle subtil de toute beauté.

Le nord des Grampians

Après une descente plus ensoleillée, le ciel se dégageant peu à peu, je retrouve le camping habité d’un nouvel autochtone : cette fois, c’est un wallabi qui se charge de tondre la pelouse. Je l’observe un moment avant de reprendre la route : l’exploration du nord des Grampians demande un second et dernier arrêt, à Beehive Falls.

Ici, c’est presque un autre monde : le long du sentier, de nombreux arbustes sont en fleurs et embaument la forêt d’un doux parfum. Deux émeus détalent comme des flèches à mon approche et disparaissent à grand fracas dans le bush. Le chant des oiseaux résonne à travers les arbres : les notes interrogatives et mélodieuses du currawong, le rire du kookaburra, les piaillements d’une myriade d’autres « petits piafs » dissimulés dans les buissons.

La cascade se déverse d’un seul tenant depuis une haute falaise de roc noir et ocre tapissée de fougères verdoyantes. L’eau du bassin à son pied est brune, couleur du tanin produit par les arbres, et légèrement mousseuse. C’est la conséquence du flot accru de l’hiver qui charrie de nombreux débris naturels, et permet de voir la cascade sous son plus beau profil. Avec un ciel bleu et un arc-en-ciel qui apparaût parfois dans les embruns, Beehive Falls se rapproche des images que l’on voit plus habituellement avec les cascades du Northern Territory et je m’attarde longuement sur les rochers-canapés qui entourent sa base.

Le nord des Grampians


Le nord des Grampians : Pratique Corner

  • Le parc national des Grampians se trouve à environ 250 km au nord-ouest de Melbourne. Il suffit de suivre la Western Highway (M8, qui devient la A8) en direction de Ballarat puis d’Horsham. Pour accéder directement au nord des Grampians, traversez Ararat et Stawell, puis tournez à gauche sur Roses Gap Road et continuez jusqu’à Troopers Creek.
  • La randonnée du Mount Difficult, ou Mount Gar, fait 10 km aller-retour. Comptez 5h pour en profiter sans forcer – et surtout, n’oubliez pas de porter de bonnes chaussures, terrain rocailleux et rock scrambling oblige !
  • La promenade de Beehive Falls fait 3 km aller-retour et cette fois c’est du plat, comptez donc 1h pour une balade tranquille et un moment passé au pied des cascades.
  • Le parc étant très populaire, pensez à réserver votre emplacement de camping à l’avance si vous comptez venir durant un long week-end ou pendant les vacances scolaires d’été.
  • Si vous avez davantage de temps à consacrer au nord des Grampians, n’hésitez pas à vous essayez aux randonnées d’Hollow Mountain et du Mount Stapylton, ainsi qu’à visiter les sites d’art aborigène de Ngamadjidj et Gulgurn Manja, qui affichent des peintures ancestrales sur les parois de roc.

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4 Commentaires

  1. Merci pour toutes ces informations. Ton article tombe vraiment au bon moment, vu comme je prevois d’y aller ce weekend!
    Quels sont pour toi les endroits a ne surtout pas rater la-bas? (en considerant la totalite des Grampians)
    et est ce qu’il est possible de voir un maximum de choses sans avoir a faire toutes les marches? je pense que oui mais je prefere en etre sure.

    Merci encore!

  2. En plus de toutes les balades citées dans cet article, il y a également des randonnées au départ d’Halls Gap qui sont excellentes – notamment les Pinnacles en passant par le Grand Canyon, sans doute la marche la plus célèbre du parc.

    Si tu ne veux pas marcher, tu peux visiter le point de vue des Balconies ou la cascade McKenzie Falls 🙂

  3. Il n’y a pas de sites formellement désignés pour le bush camping. Tu peux le pratiquer n’importe où, dans la limite de ces règles :
    * tu ne peux pas camper dans la Wonderland Range et dans le captage du réservoir Wartook,
    * tu ne peux pas camper à moins de 50m d’une route bitumée,
    * tu ne peux pas camper à moins de 20m d’une riviève,
    * tu ne peux pas camper à moins d’1 km des sites de camping désignés (campgrounds payants),
    * tu ne dois pas faire de feu (seulement les réchauds à gaz sont autorités),
    * et il faut bien sûr emporter tous tes détritus avec toi 🙂
    Tu pourras retrouver toutes ces informations et davantage sur le dépliant des Grampians 🙂