Histoire des aborigènes, la Colonisation 1/3

0
5458
La First fleet du Capitaine Philipp
La First fleet du Capitaine Philipp : Copyright : migrationheritage.nsw.gov.au

La colonisation de l’Australie est une des période sombre du pays. À leur arrivée, les Anglais ayant déclaré juridiquement que cette terre n’appartenait à personne, la « Terra Nullius », ils ont fait peu de cas de cette culture vieille de 50 000 ans. Entre massacres, exactions, tentatives d’assimilation, ce peuple, ces peuples sont passés tout prêt de l’extinction, c’est cette histoire que Caroline Simon a retracé au travers de ces articles fruits de longues recherches et d’un travail passionné.

Halte aux préjugés sur les « primitifs » aborigènes

Pour tous les récalcitrants, tous ceux qui résisteraient encore et toujours à l’idée selon laquelle « chasseur-cueilleur » n’est pas synonyme de « sauvage « , une petite explications s’impose ! Si de nombreux groupes humains sont passés à l’agriculture et à l’élevage (nous par exemple…), d’autres, c’est à dire 0,001% de la population mondiale en 1972, sont bel et bien demeurés chasseurs-cueilleurs.

Et, si ces quelques groupes furent capables de maintenir ce fragile équilibre, c’est parce qu’ils disposaient de mécanismes sociaux mais aussi technico-commerciaux complexes et solides. D’ailleurs, en prenant le problème dans l’autre sens, on peut résumer en disant que l’homme a vécu de chasse et de cueillette 99% de son temps, depuis son arrivée en ce bas monde.

De plus, les peuples  » primitifs  » n’ont absolument rien à voir avec nos ancêtres, car non seulement ils connaissent nos sociétés (pas toujours sous leur meilleur jour, bizarrement…), mais ils entretiennent bien souvent des relations avec elles. Pour les irréductibles, nous ne pouvons plus rien. Pour les autres, suivez-nous dans l’univers magique des fameux aborigènes d’Australie !

Les peules aborigènes avant les européens

D‘autres peuples, bien avant l’arrivée des Européens, avaient établi des relations de bon voisinage avec les peuples aborigènes d’Australie. Les Macassars, heureux habitants de l’actuel Sulawesi (les Célèbes), rendaient par exemple une visite annuelle aux tribus du nord de l’Australie. Ils en profitaient pour s’approvisionner en trépang mieux connu sous le nom de concombre de mer ! Ils ont laissé derrière eux des objets, quelques mots, des cérémonies, et même des liens familiaux.

D’ailleurs, dans les années 1800, lors de leur première tentative de colonisation de la côte nord, près de Darwin, nos petits Européens notèrent que les Aborigènes s’adressaient à eux dans un pidgin du Malais.

En 1906, ces voyages ont pris fin puisque le gouvernement les a, à l’époque, formellement interdits. Depuis quelques temps, bonne nouvelle, les contacts ont repris entre les communautés Yolngu et la cité d’Ujung Pandang, entre autres, et c’est ainsi que se sont réunifiées des familles entières ! En 1988, l’équipage d’un prau, (une sorte de canoë), a reconstitué les voyages du bon vieux temps, ramenant à leurs familles d’Arnhem Land, des parents macassars qu’ils avaient  » perdus de vue « .

1788 Terre en vue !

Bien avant les surfeurs, d’autres ont glissé sur les vagues  » Aussies « . Aux XVI et XVIIèmes siècles, nos amis portugais, espagnols (Luis Vaez de Torres en 1606) et néerlandais (Henrik Brouwer en 1611, Dick Hartog en 1616, Frederik de Hartman en 1619) ont chercher à développer leur commerce avec l’Asie. Rien de très excitant… Purement mercantiles !

Ce sont les vaisseaux de la  » Verenigde Oost-Indische Compagnie « (VOG pour les intimes), menés par Willem Janzs qui touchèrent les futures eaux territoriales australiennes en 1606 :  » prem’s  » !

En 1642, le navigateur néerlandais Abel Tasman partit en reconnaissance le long des côtes de celle qui devait porter son nom. J’ai nommé la Tasmanie, bien sûr.

colonisation Australie
les trajets d’Abel Tasman

William Dampier (lui, c’est un de nos voisins d’Outre-Manche) effectua un petit séjour sur la côte ouest entre 1688 et 1699, mais ce fut seulement vers 1770 que son compatriote, James Cook, à bord de l’  » Endeavour « , non content de prolonger son voyage dans le Pacifique Sud, repéra les côtes de la future Nouvelle-Hollande et de la revendiqua au nom de la Couronne Britannique.

James Cook
James Cook

Après la Guerre d’Indépendance américaine, plus de prisons. La Grande-Bretagne a donc cherché à établir de nouvelles colonies pénitentiaires. Et qui s’y est collé ? Je vous le donne dans le mille… Et ça, c’est en partie  » la faute à « … Sir Joseph Banks (encore un sujet de Sa Majesté), le naturaliste qui accompagnait Cook lors de ce voyage où il cartographia la côte est de l’Australie (1768-1771, voir ci-dessus pour ceux qui ne se souviennent déjà plus), qui fit l’éloge de ce continent auprès des hommes politiques de l’époque.

Il n’en fallut pas plus ! La « First Fleet » et ses 1 500 passagers, dont une bonne moitié de bon vieux convicts de derrière les fagots (en plus, avec plusieurs mois en mer dans les pattes, je ne vous raconte pas la tête des koalas !), arrivèrent à Port Jackson – plus connu aujourd’hui sous le nom de Sydney Harbour – en 1788.

Colonisation Australie

Et donc, et donc… Le 26 janvier, date du débarquement du Gouverneur Phillip, est dorénavant Fête Nationale : « Australia Day« .

Go west

Après des premières années de vaches maigres (un peu de mal à s’adapter), la colonie commença à prospérer. Les colons se mirent en recherche d’espaces pour satisfaire leurs besoins : ils étaient alors 173 000 colons libres et 168 000 convicts (50/50, quoi…), en seulement dix ans de colonisation ! Des colonies furent établies en Tasmanie (Van Diemen’s Land à l’époque, voir la chanson de U2) et en lisière de l’actuelle Brisbane.

Les « explorateurs » plus téméraires se frayèrent une route à travers les Blue Mountains. Les « squatters », (rien à voir avec leurs homonymes actuels, ou presque, puisqu’ils étaient des colons spéculateurs) les ont imité, à ce détail près qu’eux étaient accompagnés de leur bétail (dans le genre « Je voyage léger »… ).

Colonisation Australie
Blue Mountains

C’est enfin en 1814 que Matthew Flinders, le cartographe célèbre pour sa circumnavigation du continent, proposa de le baptiser « Australie ». On y est ! Après, ces explorations deviennent plus méthodiques. Voilà Melbourne, Adélaïde, Perth qui pointent le bout de leur nez, pareil pour Sydney, Hobart, et Brisbane.

Pour ce qui est de la déportation des prisonniers vers la Nouvelle-Galles du Sud, elle s’est arrêtée en 1840, tandis qu’elle s’est poursuivie en Australie Occidentale jusqu’en 1868 ! Une nouvelle fournée d’immigrants débarque dans les années 1850, en proie à la fièvre de l’or, et voici Cooper Peddy et Kalgoorlie qui sortent de terre (quoique… Cooper Peddy est quand même une ville souterraine !).

Les  » diggers «  ne sont pas déjà arrivés qu’ils se révoltent, dans le Victoria en 1854, contre des autorités quelque peu… autoritaires. La démocratie aussi avait traversé les océans, dans leurs baluchons ! En 1901, le premier jour du vingtième siècle, les six colonies indépendantes se fédérèrent en un  » Commonwealth of Australia « .

Le reste de l’histoire, on connaît mieux (voir  » album de famille  » ci-dessus !). Par contre il manque comme une pièce au puzzle, vous ne trouvez pas ? Même peut-être des milliers de pièces… Vous savez, les amis des Macassars, les joueurs de didjeridoo, les chasseurs de kangourous, les cueilleuses de baies…

Texte: Caroline Simon

Copyright photos : Wikipedia

5/5 - (2 votes)