Broken Hill : exploration dans l’outback, au pays de Mad Max

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Broken Hill

Des lacs de Menindee, la highway bitumée poursuit sa route à travers de vastes étendues à la végétation changeante : du saltbush aux plaines de sable rouge et d’herbe pâle, seulement fréquentées par une poignée d’émeus et une nankeen kestrel qui se bat contre le vent. Au beau milieu de cette immensité se dresse soudain un impérieux panneau : Broken Hill. Cette ville minière et seul « grand » centre de l’ouest du New South Wales, fonctionne sur le fuseau horaire du South Australia, la Central Time Zone. Une adaptation logique quand on sait qu’Adelaide est deux fois plus proche que Sydney. Il vous faudra donc retrancher une demi-heure à votre montre – en prétendant qu’en plein désert, le temps, c’est important.

Le retour des arbustes et l’apparition d’une ligne de basses collines rocailleuses annonce l’arrivée en ville. C’est dimanche, et le « grand » centre est endormi : les rues sont vides, le soleil brille et l’appareil à la main j’ai tout loisir de me promener, d’apprécier l’architecture un peu vieillote de la bourgade. Celle-ci arbore ces airs de western communs aux petites villes australiennes, et quelques vieux hôtels entourés de vérandas aux balustrades travaillées.

Au détour d’une rue ou depuis le sommet d’une colline, on réalise à quel point la ville est dominée par les grands talus de terre de ses mines de plomb, de zinc et d’argent, sources de richesse au milieu de nulle part.

Mais l’intérêt de Broken Hill, c’est aussi et peut-être avant tout ses alentours : non loin au nord, le minuscule hameau de Silverton. Une route de terre traverse un rassemblement de quelques vieux bâtiments, un pub, un café, une poignée de maisons, quelques corbeaux qui volent de poteaux en clôtures et donnent un semblant de vie à une scène autrement fixe, comme bloquée dans le temps.

Devant le Silverton Hotel, Mad Max a garé sa voiture : le véhicule noir à l’apparence patibulaire est une réplique de celui des films dont le second volet a été tourné dans la région. Ce choix n’est guère difficile à comprendre : au-delà de la ville, une dernière colline offre une vue sur les plaines de Mundi Mundi, qui se perdent en des horizons désolés.

Broken Hill

L’isolation, les mines, la sensation de revenir quelques années en arrière, dans ces villages aux airs de dernières frontières, de Wild West version paisible et dépeuplée, rien de cela ne prépare à se confronter au monde de l’art, et pourtant tout le suggère. On trouve quelques galeries à Silverton comme à Broken Hill, dont celle de Pro Hart, célèbre peintre australien. Mais la plus grande œuvre se déroule en extérieur, dans les amas de roc qui servent de collines aux alentours de la ville : Living Desert est un rassemblement de hautes sculptures de roc, posées sur l’un des sommets.

Broken Hill

Le meilleur moment pour venir contempler ces œuvres est sans équivoque le coucher du soleil, quand la lumière se fait plus douce et que les ombres s’allongent. Un chemin tranquille mène les pas du voyageur esthète, un chemin de cailloux bordé d’autres œuvres d’art, celles de Mère Nature : de vastes parterres de Sturt’s Desert Peas parsèment ma route. Ces fleurs du désert à l’apparence particulièrement saisissante, massives, rouges et noires, n’apparaissent qu’après la pluie. Leur présence n’est donc jamais qu’éphémère et d’autant plus frappante.

Du haut de la colline, entre les étranges silhouettes des statues, dont le roc aux teintes chaudes révèle l’ampleur de sa couleur à la fin de la journée, une vue à 360° sur Broken Hill et l’outback indomptable qui encercle ce petit cocon de civilisation. Mad Max, la terre sauvage et la célébration du pouvoir de l’art, un drôle d’assemblage qui me rappelle l’un des vers de Banjo Paterson, sans doute le plus célèbre des poètes australiens :

« It is just the careless country where the dreamers only go. » (ce n’est que le pays d’inadvertance où seuls se rendent les rêveurs)

Rêve de fortune des pionniers du minerai. Rêve de beauté d’une congrégation d’artistes. Rêve de liberté de nous autres, voyageurs égarés. Autant de songes qui reposent à l’ombre de la colline cassée.


Pratique corner

  • Broken Hill se trouve à 300 km au nord de Mildura via la Silver City Highway (B79), et à 510 km à l’est d’Adelaide via la Barrier Highway (A32).
    Vous pouvez également prendre les transports en commun depuis Sydney via le réseau CountryLink : un train direct par tous les lundis de Central pour rejoindre Broken Hill.
  • Silverton se trouve à 25 km au nord de Broken Hill, suivez Brookfield Avenue (qui devient Silverton Road) en direction du nord. Le point de vue sur les plaines de Mundi Mundi se trouve quelques kilomètres plus loin sur la même route.
  • Le symposium de sculptures de Living Desert se trouve à 10 km au nord de Broken Hill, suivez Kaolin Street (qui devient Nine Mile Road) en direction du nord. L’entrée coûte $6/personne.
  • Le camping est interdit, mais le site est équipé de toilettes, tables et barbecues pour qui a envie d’y pique-niquer. Le sanctuaire est ouvert de 8h30 au coucher du soleil.
  • Dans Broken Hill même, n’hésitez pas à visite la galerie du peintre Pro Hart.
  • Besoin d’accéder à internet ? Il y a un McDonald’s équipé d’un réseau WiFi gratuit au centre commercial de Broken Hill, sur Galena Street.
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