Mon job Australie : Élever des cochons en Tasmanie

1
2080
La ferme est entourée des montagnes du Dial range, super vue pour nous et les cochons!
La ferme est entourée des montagnes du Dial range, super vue pour nous et les cochons!

J’ai parlé à un sympathique jeune couple d’éleveurs de cochons à un festival à Hobart et leur ai demandé si je pouvais faire du woofing chez eux. C’est dans leur ferme que j’ai fait la connaissance de Morgan, un francilien de 28 ans. Parti en PVT au Canada, Morgan a rencontré une australienne qu’il a suivi dans le « lucky country » en 2013. Après quelques mois à Melbourne, il est tombé amoureux de la Tasmanie où son expérience de woofing dans un élevage de cochons s’est transformée en job dans le bâtiment. Les fermiers l’ont embauché pour construire la future cuisine et la boucherie qu’ils prévoient d’ouvrir dans leur champ ! Voici son témoignage…

Des grands espaces canadiens à la ferme de cochons au nord de la Tasmanie

Mon parcours ne me destinait pas vraiment à être là, dans une ferme près de Penguin, au nord de la Tasmanie, un marteau en main et des lunettes de sécurité sur les yeux ! J’ai étudié la communication et fait une école de commerce en alternance, puis j’ai travaillé dans une radio et dans une agence de communication avant de partir. Je voulais faire un PVT dans un pays anglophone et j’ai choisi le PVT au Canada car j’étais attiré par la nature, les grands espaces et la culture nord-américaine.

Après deux ans là-bas j’ai atterri à Melbourne où j’ai travaillé six mois dans un hôtel cinq étoiles en tant qu’agent d’accueil, bagagiste et voiturier. C’était vraiment un job alimentaire qui ne me plaisait pas, j’avais envie d’être à l’extérieur, dans le bush. Après 8 mois à Melbourne, j’ai aussi commencé à me poser la question de prolonger le visa et de faire mes trois mois en milieu rural pour pouvoir demander un deuxième WHV. J’ai très vite fait le choix de la Tasmanie car le climat est bon l’été, ni trop chaud ni trop froid, et j’aime les montagnes, la nature, la marche, les bons produits locaux…

J’ai commencé à chercher un travail de Melbourne, mais j’étais d’accord pour faire du woofing si j’avais un bon contact avec les hôtes et si le travail était intéressant. Je ne voulais pas juste faire des jours de travail pour avoir mon visa, j’avais envie de quelque chose de nouveau, trouver un endroit qui me plaît et apprendre des choses, rendre service à des gens qui valent le coup. J’ai contacté Eliza et Guy, deux jeunes fermiers de 29 et 34 ans qui élèvent des races rares de porcs, de vaches et plusieurs autres animaux, transforment leur viande et vendent leurs produits sur les marchés. J’ai eu un très bon contact au téléphone et ça a été confirmé après avoir passé deux minutes ici, dans leur ferme près de Penguin ! L’endroit est superbe, dans le Dial range, au milieu des montagnes et près de la mer. Eliza et Guy sont adorables, ils font leur travail avec passion.

La ferme
La ferme, mon lieu de travail

J’étais leur premier woofer donc on a créé un lien particulier. J’ai passé les premiers jours à découvrir la ferme et toutes leurs activités. Tout était nouveau pour moi car je n’ai jamais travaillé dans un élevage porcin, de vaches et de moutons. J’adore le fait qu’ils soient tous en liberté et élevés dans de très bonnes conditions. Au début c’était marrant car ils ne savaient pas trop comment ça allait se passer, ils ne savaient pas comment gérer le nombre d’heures et le travail que je pouvais faire. J’étais d’accord pour travailler toute la journée donc dès le début j’ai fait partie intégrante de la vie de la ferme, je suis un peu le « fermier adjoint » !

Le premier week-end après mon arrivée, je suis allé sur les marchés avec Eliza et Guy, c’était la première fois pour moi. Même si je ne connaissais pas les produits, j’ai adoré rencontrer les gens et leur parler. Ils vendent surtout du porc pendant les marchés, ils font leur propre charcuterie et l’on préparait aussi de la nourriture sur place, j’ai donc aidé à cuisiner des hot dog et des tacos.

J'aime bien l'ambiance des marchés et des festivals, c'est l'occasion de parler avec les clients
J’aime bien l’ambiance des marchés et des festivals, c’est l’occasion de parler avec les clients

Veiller sur les cochons,  une vie heureuse, un bon bain de boue et direction l’abattoir !

J’ai découvert leur rythme de travail, ce qu’il faut faire, quand et s’y adapter. Le travail c’est principalement de veiller sur les cochons, les alimenter, leur donner à boire et les déplacer selon les besoins. Il y a 6-7 différentes parcelles dans la ferme selon la taille des porcs ou leur fonction. On déplace notamment les truies qui vont mettre bas, les cochons en pleine croissance ou les porcelets.

Le lundi par exemple est une journée tranquille, on sélectionne des cochons dans les enclos et on les déplace en emmenant de la nourriture et en la semant le long du chemin pour les amener là ou on veut. On les trie ensuite car le lundi c’est le jour de l’abattoir… Pas marrant mais c’est la finalité de l’élevage… Je me sens vraiment utile quand il faut déplacer les animaux car c’est très difficile de le faire tout seul. Notamment pour la sélection ça évite que quand on laisse passer un cochon hors de l’enclos tous ne viennent pas en même temps. J’aime bien faire aussi les choses à ma façon, pendant le tri pour l’abattoir, j’ai décidé d’ouvrir un point d’eau pour les cochons sélectionnés, comme ça ils ont un bain de boue avant qu’on les emmène.

Je me dis qu’au moins ils ont un moment sympa avant de partir à l’abattoir, même si ça nous complique la tâche car ensuite ils sont glissants et on est couverts de boue quand on les manipule. Les cochons sont plus détendus, ça rend la tâche moins stressante pour eux et pour nous.

Après l'abattoir, on va à la boucherie le mercredi préparer la viande à vendre sur les marchés
Après l’abattoir, on va à la boucherie le mercredi préparer la viande à vendre sur les marchés

Régulièrement, on déplace aussi les abris des cochons, leurs « nouvelles maisons » comme les appelle Eliza ! Ce sont des petites cabanes en bois et en métal dans lesquelles on installe de la paille, on déplace les clôtures électriques aussi et on prépare un point d’eau dans le nouvel enclos. Ça peut prendre plusieurs heures. On se sert de grands abreuvoirs pour leur bloquer le passage quand on bouge les bêtes. Au début ils semblent super légers mais après un moment on a l’impression que le plastique s’est transformé en ciment !

Le soir quand on va nourrir les cochons, ils nous suivent en nous voyant arriver en quad. Quand on rentre dans les enclos, ils nous tournent autour et parfois on est entourés par une centaine de cochons qui grognent et qui poussent. Il m’arrive d’avoir du mal à atteindre leur mangeoire tellement ils sont excités et me bloquent le passage. Quand je verse le premier seau de grains, c’est la guerre, pas de pitié c’est le plus fort qui mange en premier ! On met donc de la nourriture dans plusieurs mangeoires afin que les petits cochons puissent se nourrir. C’est quand même un bon moment que j’apprécie, en plus la lumière est super belle, on peut voir le coucher de soleil.

Pour les vaches c’est à peu près pareil, on les déplace régulièrement mais c’est plus dur car les veaux ont tendance à s’échapper et ne pas suivre le troupeau. Je suis content car rapidement j’ai appris à être plus efficace, à ne pas me blesser ou prendre de mauvaises positions et ne pas utiliser trop d’énergie car il faut en garder pour plus tard. C’est du boulot ! Il faut être concentré et c’est quand même un travail physique. Eliza et Guy ont aussi quelques moutons. Ils sont super marrants à déplacer, c’est tellement facile ! Il suffit juste d’être derrière eux ou de leur couper la route pour qu’ils prennent le bon chemin et une fois que le premier est parti, tout le reste du troupeau suit. Même quand le terrain est plat et qu’il n’y a aucun danger si le premier saute, tout le troupeau va se mettre à sauter au même endroit.

Ça me fait vraiment rire, parfois je m’amuse à leur faire croire qu’il y a un obstacle juste pour les voir bondir les uns après les autres, un jeu de saute-moutons grandeur nature !

Après l’apprentissage du job d’éleveur, je suis embauché dans le bâtiment

Je n’ai jamais travaillé dans le bâtiment mais comme Eliza et Guy construisent un nouveau bâtiment pour avoir une boucherie sur place, donner des cours de cuisine et organiser des événements, ils m’ont fait travailler là-dessus. C’est génial car tout est nouveau pour moi, ils me font confiance et je suis content de pouvoir en profiter pour apprendre plein de choses.

Je suis arrivé au moment où ils construisaient les fondations donc j’ai travaillé dès le début à la fois avec les animaux et sur le bâtiment. Je travaille avec Dane, le frère de Guy qui est maître d’œuvre en charge de la construction. Tous les jours j’apprends de lui, il n’a que 23 ans mais sait très bien ce qu’il fait. Il est patient et pédagogue, de plus j’améliore énormément mon anglais à être à son contact toute la journée. Il a vraiment un fort accent australien, je dois le faire répéter souvent mais au moins j’apprends beaucoup plus de mots que dans l’hôtel où je travaillais à Melbourne et où je répétais tout le temps les mêmes phrases !

Dane et moi (à gauche) prenons la pose pour qu'Eliza puisse poster une photo sur Facebook de la ferme
Dane et moi (à gauche) prenons la pose pour qu’Eliza puisse poster une photo sur Facebook de la ferme

Dane allait embaucher quelqu’un pour l’aider sur le chantier, du coup comme on s’entendait bien, il m’a proposé d’être rémunéré pour mon travail à temps partiel, logement et nourriture inclus. Je continue donc à faire toutes les super choses que je faisais avant, surtout le bâtiment, mais en étant payé ! Parfois le woofing peut mener à de « vrais » jobs. Maintenant je considère vraiment la famille de Mount Gnomon farm comme des amis proches, pas comme mes employeurs. Je travaille beaucoup d’heures mais j’ai l’impression d’être en vacances, de simplement aider des gens que j’apprécie. En plus ils me font confiance et me donnent de grosses responsabilités donc j’ai beaucoup gagné en expérience. Ce week-end par exemple ils ont tenu un stand à un festival de vin et de nourriture à Launceston et m’ont demandé de gérer la ferme en leur absence. Il y a eu des problèmes avec les citernes d’eau et je me sens vraiment responsable car si je n’avais pas été là, les cochons n’auraient pas eu d’eau, il y a quand même un gros enjeu.

Du coup je vais surement rester plus longtemps que les 88 jours nécessaires pour avoir le 2e visa car j’ai vu et découvert tellement de choses en quelques semaines que j’ai envie de continuer ici plutôt que de faire un travail qui ne me plaira pas à Melbourne. J’apprécie vraiment l’immersion à la ferme dans la vie d’une famille australienne. Je n’aurais pas pu trouver un meilleur endroit qu’ici et j’ai vraiment envie de vivre en Tasmanie maintenant !

Rate this post

1 COMMENTAIRE