La Rainbow Region : entre forêt tropicale et villages hippies

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la Rainbow Region
Borders Ranges National Park

La Rainbow Region, c’est le surnom que l’on donne communément à la Northern Rivers Region, grâce à ses habitants et ses localités hautes en couleur. Cette zone située au nord du New South Wales, à la frontière du Queensland, est en fait l’arrière-pays de la fameuse cité balnéaire Byron Bay. Elle abrite notamment le village hippie de Nimbin et de nombreux parcs nationaux. Outre ses magnifiques forêts tropicales et son caractère alternatif, la Rainbow Region a une riche histoire à raconter et ses habitants luttent avec ardeur en faveur de sa préservation depuis quelques décennies.

L’histoire de la Rainbow Region

En 1828, le capitaine Rous fournit à l’Angleterre les moyens d’exploiter et de transporter « l’or rouge », c’est-à-dire le cèdre rouge, grâce à la découverte de la rivière Richmond. À partir de ce moment, le red cedar qui couvrait les forêts de la région fut coupé de façon constante, les peuples indigènes furent déplacés et les colons se sont largement installés. Lorsqu’il a fallu aller de plus en plus à l’ouest pour y exploiter le bois, la zone autour de Lismore est devenue une terre pastorale.

Pendant la première moitié du XXe siècle, l’industrie laitière a finalement dominé dans la région, avec la création de plusieurs coopératives agricoles distribuant lait, beurre et crème. Lismore est ainsi devenue la principale ville de Northern Rivers Region.

À la fin des années 1960, l’industrie de la production laitière traverse une période difficile et beaucoup de petites fermes sont vendues ou entament une reconversion. C’est aussi une période pendant laquelle la vie en ville change considérablement et où de nombreux jeunes partent à la recherche de nouvelles façons de vivre.

Artistes et musiciens se tournent alors vers des lieux où la vie est moins chère, loin des villes. Dans la Northern Rivers Region, ils trouvent un climat propice à la culture, une campagne luxuriante et des loyers bon marché. Le point culminant de cette nouvelle tendance a été le Festival Aquarius qui a accueilli près de 10 000 personnes en 1973 à Nimbin, un petit village alors pittoresque et rural. Ce rendez-vous, connu comme le Woodstock australien, marque une nouvelle ère pour les environs de Nimbin, l’ère hippie qui perdure encore aujourd’hui et qui a donné son surnom à la région arc-en-ciel.

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Les couleurs de Nimbin

L’éveil écologique et le respect de la terre apparaissent peu après dans les années 1980 et la préservation de l’environnement reste aujourd’hui le principal combat des habitants de la région.

Protestor Falls, une chute d’eau spectaculaire dans le parc national de Nightcap, commémore l’une des premières grandes victoires dans la prévention de l’exploitation forestière de cette zone de forêt tropicale, qui a été classée en 1981 comme parc national. Depuis, les hippies ont œuvré pour la reforestation et ont remporté un grand combat contre la compagnie minière Metgasco en l’empêchant de forer le sol de la région.

Les communautés aborigènes locales

L’autre grand combat de la région concerne ses autochtones, les tribus aborigènes Ghitabul et Ngarakbul. Suite à l’un de leurs nombreux procès, les Githabul ont obtenu en 2007 des « droits fonciers autochtones » sur certains parcs nationaux de la région. Un procès est également en cours contre le gouvernement australien pour la reconnaissance de leurs propres lois, la loi de leur terre.

C’est la seule loi qu’ils souhaitent respecter. Pour eux, l’Australie n’est pas un pays mais une corporation. Ils refusent catégoriquement de figurer dans la Constitution, ne reconnaissant pas les lois australiennes. De nombreux points de désaccords existent toujours et impliquent probablement de nombreuses années de lutte entre les Aborigènes et l’État, mais aussi entre les Aborigènes eux-mêmes.

Bien avant l’arrivée des colons et de leurs lois, les Aborigènes se seraient installés dans la région de Lismore, il y a 12 000 ans. Chez les Ghitabul et les Ngarakbul, les hommes étaient des chasseurs, les femmes des cueilleuses. Celles-ci préparaient la cuisine et récoltaient les écorces pour créer des huttes. Tous pratiquaient des danses pour raconter une journée par exemple, ou participaient à des cérémonies diverses (cérémonies de bienvenue, cérémonies de réparation etc.).

Leurs légendes ont souvent été créées à but éducatif. Par exemple, une légende sur un billabong racontée aux enfants permet de les protéger du danger de ce lieu. Mais aujourd’hui, les histoires et les traditions se perdent peu à peu et les plus jeunes parlent très peu en langue aborigène, par peur de l’État australien.

Graffiti d’un enfant aborigène devenant blanc

Malgré tout, la région abrite toujours de nombreux sites d’importance pour les Ghitabul et les Ngarakbul. Le Mount Warning par exemple, nommé par James Cook et appelé Wollumbin par les Ghitabul, était un site important pour les femmes comme pour les hommes. Ils demandent aujourd’hui aux touristes de ne pas effectuer l’ascension du mont, par respect pour leurs croyances. Mount Jerusalem National Park abrite quant à lui des lieux initiatiques.

À voir et à faire

Dans l’arrière-pays de Byron Bay, le paysage se compose de forêts tropicales, de terres agricoles et de vergers. Y poussent des bananiers, des caféiers, des fruits à noyaux, des noyers du Queensland (dont sont issues les noix de macadamia), entre autres.

De grands parcs nationaux dessinent les paysages de la région : Borders Ranges, Mount Warning et Nightcap National Parks forment à eux trois plus de 42 000 hectares de forêt humide. Ils font tout trois partie de ce qu’on appelle les Gondwana Rainforests, des forêts qui sont classées au Patrimoine Mondial de l’Unesco et qui sont rassemblées autour de la frontière Nouvelle-Galles du Sud-Queensland. Routes panoramiques, randonnées, ascension, cascades et points de vue sont au menu des visites.

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Gondwana Rainforest

La région a une identité forte. La plupart des localités y ont adopté un mode de vie alternatif dans un environnement très verdoyant. Paradis des hippies, la ville de Nimbin est la plus connue d’entre elles. Il s’agit pourtant d’un village de moins de 500 habitants, mais la rue principale fourmille de boutiques alternatives, biologiques ou simplement touristiques, de salons de tatouages, de cafés rustiques et de lieux branchés. À Nimbin, les devantures sont peintes de toutes les couleurs avec les symboles de la région : feuilles de marijuana, animaux endémiques, arc-en-ciel etc.

Dans l’Hinterland, outre Nimbin, on tombe sur les villes pittoresques de Bangalow, Murwillumbah, Mullumbimby ou encore Lismore et ses graffitis, qui compte 30 000 habitants et qui est située à 40 km à l’ouest de Byron Bay.

Toutes ces localités et d’autres encore accueillent chaque semaine des marchés de producteurs et toutes sortes d’événements qui permettent la rencontre de ses habitants, plutôt enclins à la discussion et à l’entraide. Les agriculteurs, les hippies, les guérisseurs, les étudiants, les universitaires, les entrepreneurs, les artistes, semblent fiers d’appeler la Rainbow Region leur maison. C’est l’eldorado de l’Australie pour la sous-culture alternative.

Au prochain épisode, vous pourrez mieux comprendre le mode de vie atypique de certains habitants de la Rainbow Region.


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